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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
29 mars 2020

Le débat autour de la chloroquine : entre scandale sanitaire et crime contre l'humanité (Raphaël ADJOBI)

                         Le débat autour de la chloroquine :

         entre scandale sanitaire et crime contre l’humanité

 

La chloroquine ou Nivaquine

          En ce mois de mars 2020, la très forte insistance sur la dangerosité de la chloroquine (nivaquine) et le refus de sa prescription dans le traitement du coronavirus – ayant des symptômes proches du paludisme - avaient été accueillis, par ceux qui la prennent ou l’ont prise depuis leur enfance ou encore à un moment de leur vie, comme une véritable bombe. Ainsi donc, se disaient-ils, les médecins nous prescrivaient du poison ! Pour eux, c’était en clair un crime organisé que le corps médical français venait enfin d’avouer. Ils étaient par conséquent prêts – et nous avec eux - à crier au crime contre l’humanité. Mais le changement de position du gouvernement se pliant enfin aux recommandations du Docteur Didier Raoult - après deux semaines d’opposition puis d’hésitations qui ont précédé l’acceptation de l’usage de la Chloroquine dans le traitement du coronavirus en France – oblige tout le monde à formuler d’autres interrogations. Mais avant cela, il importe de faire l’historique de l’objet incriminé et des débats qui ont accompagné son rejet.

                                    Petite histoire de la chloroquine ou nivaquine

         En Afrique et dans les Amériques – où les Européens découvriront ses bienfaits – les populations autochtones connaissent depuis très longtemps l’usage de l’écorce de l’arbre qui guérit de la fièvre paludique (le chinchona – le quinquina). C’est de cet arbre que les Européens vont isoler, au XIXe siècle, l’antipaludique dénommé la quinine. Puis une série de substituts seront créés au début du XXe siècle (plasmoquine, rhodoquine, résochine, sintochine…). En 1949, la chloroquine - substitut synthétique de la quinine – est mise sur le marché français sous le nom de nivaquine et sur le marché américain sous le nom de aralen. 

                     Pourquoi tant de médecins français contre la chloroquine?

La Nivaquine

          Cela fait donc soixante-dix ans que la chloroquine – ou la nivaquine – est entrée dans les prescriptions médicales contre le paludisme pour les populations africaines. Les soldats européens opérant sous les tropiques et les voyageurs qui y séjournent connaissent le même traitement depuis cette époque. Et pourtant, la toxicité aiguë de cet antipaludique – dénoncée aujourd’hui à grands cris - était connue et citée dans des études médicales dès 1940. «ses effets nocifs, multi-organigues si ce n’est systémiques, ainsi que ceux de ses dérivés […] ont été peu à peu précisés, dans les années 1950» (Wikipédia). Et évidemment les effets secondaires indésirables n’étaient pas ignorés non plus : «les effets toxiques [de la chloroquine ou de la nivaquine] incluent des réactions neuromusculaires, auditives, gastro-intestinales, cérébrales, cutanées, oculaires, sanguines et cardiovasculaires». Eh bien, les uns et les autres pouvons être d’accord que cela fait tout de même beaucoup ! Et pour enfoncer le clou, voilà que de nombreux médecins français, dont le docteur Bruno Canard (directeur de recherche au CNRS, université d’Aix-Marseille), nous disent en ce mois de mars 2020 que l’efficacité de la chloroquine n’est prouvée qu’en laboratoire mais que «sur des modèles animaux, ou sur des malades, le traitement n’a pas montré d’efficacité phénoménale» (entretien accordé au journal Le Point, publié sur son site). Inefficace et dangereux ! Voilà donc clairement énoncés les éléments d’un crime contre l’humanité ! Mais force est de constater que cela fait soixante-dix ans que des femmes, des hommes et des enfants suivent ce régime médical en Afrique et ailleurs dans le monde et éprouvent son efficacité phénoménale malgré sa toxicité. De même que le doliprane, souvent déconseillé à cause de sa toxicité - et donc de sa dangerosité – demeure efficace dans le traitement de certaines maladies, la chloroquine a fait son chemin sans scandaliser personne jusqu’en mars 2020.

          Que faire ? Quelle décision prendre ? Heureusement, voilà que la Chine se présente en arbitre. C’est tout à fait consciente de l’efficacité reconnue de la chloroquine depuis près de soixante-dix ans que ce pays a opté, sans hésiter, pour son usage à grande échelle dans son combat contre le coronavirus ayant quelques symptômes communs avec le paludisme. Résultat : elle a effectivement jugulé la pandémie et propose aujourd’hui son expérience aux contrées atteintes par ce virus foudroyant. Tout à coup, l’expérience chinoise contredit le docteur Bruno Canard et tous les autres médecins sceptiques dressés contre le docteur Didier Raoult qui avait tout de suite mis son « serment d’Hippocrate» en avant et avait continué à administrer le médicament. Toute honte bue, tous les sceptiques reconnaissent finalement l’efficacité du médicament et n’ont plus comme argument que ses effets secondaires, c’est-à-dire sa dangerosité : «Les données chinoises publiées le 19 février par le département de pharmacologie de l’université de Qingdao sont parcellaires : la chloroquine permet de lutter contre la pneumonie provoquée par le coronavirus, mais les données ne disent rien sur la toxicité ou d’éventuels effets secondaires» (Docteur Bruno Canard sur le site du journal «Le Point»).

                                                            A qui profite le crime ?

          Quels menteurs tous ces médecins français ! Pour qui nous prennent-ils ? Comme nous l’avons vu plus haut, les données sur «la toxicité ou d’éventuelles effets secondaires» de la chloroquine, le monde médical les connaissait depuis le milieu du XXe siècle. Mais laissons-là notre colère. Maintenant que ces messieurs qui attendent l’avènement du remède efficace dans une quinzaine de jours se sont alignés sur la position du docteur Didier Raoult et de ceux qui prennent la nivaquine depuis soixante-dix ans, posons-nous cette question : qui est chargé de trouver le remède miracle que nous devions attendre en redoutant constamment la mort ? A qui profiteraient les morts durant ces quinze jours d’attente ? Ultime question : ces dames et ces messieurs sont-ils sûrs que dans quinze jours ils nous annonceront le remède miracle ? De toutes les façons, ils ont réussi à forcer le gouvernement à limiter le champ d’application de la chloroquine à tel point que le virus ne sera pas jugulé dans quinze jours. Ils auront donc le temps d’entrer en scène avec leur remède miracle assez rapidement ; sinon, ils ne pourront qu’être hués. Et nous ne manquerons pas de crier en choeur : «ressuscitez nos morts !»

Raphaël ADJOBI

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25 mars 2020

La leçon cubaine à l'ingrate Europe (Raphaël ADJOBI)

               La leçon cubaine à l’ingrate Europe

Cuba au secours de l'Europe

          Présenté partout en Europe et dans les Amériques comme l’ennemi public numéro un, jugé infréquentable par nos politiciens et par conséquent condamné à ne compter que sur lui-même, Cuba apparaît dans l’esprit du commun des Européens comme un pays arriéré et sans intérêt. Mais voilà qu’en ce mois de mars 2020, acculée par l’épidémie du Coronavirus, à deux reprises la riche et fière Europe a accepté l’aumône de la main cubaine.

          En effet, le 18 mars - parce que 5 de ses passagers sont testés positifs et 52 autres mis en isolement - un bateau de croisière anglais errant sur l’Atlantique après avoir été repoussé par les Etats-Unis, le Bahamas et la Barbade (RFI, site Internet) n’a dû son salut que grâce à Cuba qui a accepté de l’accueillir afin de donner les soins nécessaires aux personnes malades ne pouvant pas être évacuées par avion vers l’Angleterre. Quatre jours plus tard, le dimanche 22 mars, ce sont 36 médecins cubains accompagnés de 15 infirmières qui sont arrivés en Italie pour apporter un secours médical à ce pays dans son combat contre le coronavirus. 

          Quelle humiliation pour la riche et arrogante Europe qui prétend détenir la clef pour sauver le monde de se voir obligée d’accepter l’aide de la « pauvre » et insignifiante Cuba ! Alors que son union sacrée avec les Etats-Unis l’empêche de voir sa nature profondément cupide et calculatrice – libéralisme économique oblige - il convient de lui rappeler ce que disait Fidel Castro dans une vidéo que se partagent aujourd’hui les Internautes : « Nous ne pourrons jamais et ne ferons jamais d’attaque préventive et surprise contre une population dans quelque coin du monde. Au lieu de cela, notre pays est capable d’envoyer des médecins dans n’importe quel coin du monde. Oui, des médecins et non des bombes ! Des médecins et non des armes intelligentes qui tombent là où on veut. Après tout, une arme qui tue par traîtrise n’est absolument pas intelligente ».

Cuba et Fidèle

          Les deux gestes de Cuba en ce mois de mars 2020 confirment les propos de Fidèle Castro. Chaque fois que la France ou les Etats-Unis parle d’aide à destination d’un pays, c’est toujours d’une intervention militaire dont il s’agit. Et quand il faut précisément soigner des malades à l’étranger, ils envoient leurs ONG pour s’enraciner dans le pays qu’ils prétendent vouloir sauver. Dans quel but ? Afin que ces organisations travaillent à leur fournir les informations utiles à maintenir les dirigeants de ce pays sous leur domination. Il n’y a que les médias malhonnêtes habitués à saluer les prouesses militaires de la France dans les pays africains - ne possédant pas d’armes pour les inquiéter - qui portent des jugements négatifs quant à l’humanité de la politique médicale de Cuba. Tel est le cas du Nouvel Observateur qui, sur son site, juge que Cuba n’a pas fermé ses frontières et a accueilli le navire anglais avec les malades parce que son économie a besoin de continuer à favoriser la venue des touristes. Que pense ce journal de la France qui, au départ, ne voulait pas de mesure de confinement pour ne pas freiner la consommation sur son territoire ? N’est-ce pas là une préoccupation économique criminelle ? On cherche toujours la paille dans l’oeil de l’autre pendant que la poutre nous crève les yeux. Ce sont aujourd’hui des médecins cubains qui s’occupent des populations de toutes les îles des Caraïbes ! Où sont-ils les médecins français et américains ?

          Oui, c’est vrai : ici, plus qu’ailleurs, on cherche toujours le profit que l’on pourrait tirer plus tard de l’aide que l’on apporte à l’autre ; et cela nous rend prompts à croire que les autres sont aussi calculateurs que nous. Quittons cette sale habitude et rendons un vibrant hommage à la solidarité cubaine qui s’inscrit dans l’esprit d’un régime tout à fait différent du nôtre. Ne manquons pas non plus de rappeler aux Italiens, grands lanceurs de bananes aux footballeurs noirs, que parmi les médecins qui viennent à leur secours, nombreux sont des Afro-Cubains. Qu’ils s’abstiennent donc de lancer des bananes et de pousser des cris de singe pendant quelques semaines.

Raphaël ADJOBI

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17 mars 2020

Tombeau d'Olivier (Alain Badiou)

                                             Tombeau d'Olivier 

                                          (Alain Badiou) 

Numérisation_20200316

        Ce livre nous dit le grand intérêt d’écrire, de laisser une trace de ce que l’on pense ; car l’écriture est assurément la meilleure façon de se faire comprendre et connaître, quand on sait que les autres ne prennent jamais le temps de nous regarder et de nous écouter. 

        Pourtant, je n’aurais jamais lu ce livre si on ne me l’avait pas offert. Ayant appris sur les ondes qu’Alain Badiou y parle de son fils – un jeune noir mort de façon étrange – j’avais immédiatement pensé qu’il profitait de sa notoriété pour l’encenser. Les premières pages du livre m’ont vite fait comprendre qu’il veut que chaque lecteur sache ceci : derrière la banalité de tous ces êtres que nous qualifions de « jeunes des banlieues » ou de « racailles », il y a « un roseau pensant ».

        Certes, nous ne pouvons pas tenir nos enfants en laisse et en faire ce que nous voulons. Mais, l’auteur nous montre que toute mère, tout père doit avoir l’intelligence de s’occuper de l’esprit de sa progéniture, c’est-à-dire lui offrir l’arme nécessaire à l’expression de son être. C’est ainsi que, comme lui, l’on peut découvrir que les jeunes qui sont terrorisés et traqués à longueur de journée savent mieux que quiconque comment la société s’y prend pour avoir le droit de les abattre sans jugement. Oui, ces jeunes savent que leurs corrupteurs viennent des milieux de l’argent. Ils savent que ceux-ci choisissent leurs victimes dans les banlieues pauvres. Ils savent très bien qu’une fois qu’ils auront des corrompus, la matraque et la loi du juge seront commandées par les politiciens en accord avec les milieux de l’argent. C’est ainsi qu’on les traque, on les traque… et à force d’être traqués, ils ont le sentiment d’être des rats. Alors ils se font rats et vivent comme des rats avec la certitude de finir comme des rats.

        Tombeau d’Olivier est l’expression des limites de l’amour des parents devant l’affrontement entre la couleur de la peau noire et « les maximes disparates de la doctrine dominante » qui font que toute exception à la règle apparaît comme pathologique, donc à éliminer. En d’autres termes, Tombeau d’Olivier est l’affirmation d’un père blanc de la difficulté d’être un Français noir. Le livre fait apparaître l’écriture comme la signature de chacun d’exister ou d’avoir existé. En effet, Tombeau d’Olivier est l’analyse que fait Alain Badiou des textes laissés par son fils.

Raphaël ADJOBI

Titre : Tombeau d’Olivier, 118 pages.

Auteur : Alain Badiou

Editeur : Fayard, 2020.

2 mars 2020

Olivier Merle démystifie "Le journal d'un négrier au XVIIIe siècle" de William Snelgrave

          Olivier Merle démystifie le best-seller qui a nourri

la pensée européenne sur la traite négrière jusqu'à nos jours

                       (Note inédite à Raphaël ADJOBI du 9 juin 2010)

Journal d'un négrier au XVIIIe siècle

     «Sur ce livre, mon opinion a évolué progressivement à chaque lecture. Ravi au début du témoignage de première main qu’il semblait être, j’ai eu de plus en plus l’impression (et ce dès la seconde lecture mais l’impression s’est amplifiée par la suite) que ce Snelgrave nous prenait un peu pour des imbéciles.

     Je vois maintenant ce livre sous un jour tout autre que le simple témoignage d’un capitaine négrier qui raconte son expérience. Ce livre est clairement un livre de propagande qui a pour but de riposter au mouvement abolitionniste qui commençait à se développer en Europe. Son propos est de donner les arguments habituels en faveur de la traite et de l’esclavage mais en prenant un soin considérable à convaincre et séduire son public.

Il y a d’abord l’organisation du livre en tout point remarquable.

     Dans le chapitre I, on donne d’abord une vision apocalyptique (le mot est très juste…) de la

Olivier Merle

situation en Afrique. La description de la barbarie africaine est propre à faire dresser les cheveux sur la tête du plus endurci des lecteurs européens, tant la sauvagerie sanglante y est décrite dans tous les détails (décapitations d’hommes par milliers, sacrifices, entassements des têtes pour en faire des pyramides, etc). En contrepoint de cette affreuse barbarie, le capitaine Snelgrave se comporte comme un saint Homme. Ses pensées et ses actes sont ni plus ni moins celles d’un prêtre. Et la mise en scène de son humanité et de son courage relève du grand art. Une anecdote parmi d’autres : voilà donc notre bon capitaine, parmi les nègres sanguinaires qui coupe la tête pour un oui ou pour un non, mais qui ordonne à l’un de ses hommes de détacher un enfant de 18 mois attaché à un poteau parce qu’il va être sacrifié le soir même (Snelgrave est indigné que l’on puisse tuer un enfant…). Le roi n’est pas content (on s’en doute) mais le capitaine rachète l’enfant et le ramène à bord du navire pour le sauver (on imagine la scène). Là, l’histoire devient vraiment merveilleuse. La mère de l’enfant est à bord parmi les captifs (quel hasard miraculeux !), elle se précipite pour reprendre son enfant dans les bras (quel liberté de mouvement pour une captive!) et elle se remet à l’allaiter sous les applaudissements (si, si) et les chants de joie de tous les autres captifs. C’est biblique, on voit le tableau : un Snelgrave debout et baigné de lumière, entouré des captifs noirs agenouillés qui le regardent avec admiration, et la mère donnant le sein à son enfant, au pied du capitaine, dans l’harmonie la plus parfaite. Snelgrave, c’est le Sauveur, une sorte de Christ fait capitaine négrier. Le pire, finalement n’est-il pas que notre amour des belles histoires nous fasse gober cette anecdote à la première lecture (à la seconde, on se reprend, heureusement).

     Voilà donc le chapitre I : un récit d’épouvante, l’Afrique c’est l’enfer, et le capitaine un saint homme au milieu de toute cette barbarie. Le lecteur est mûr pour passer au chapitre II. Après une telle description de l’Afrique, comment ne pas adhérer immédiatement à l’idée qu’il faut sauver ces pauvres Noirs de l’enfer et les emmener en Amérique ? Le chapittre II n’a pas besoin d’être long. Il est donc court.

     Pourquoi le livre ne s’interrompt-il pas à la fin du chapitre II ? Parce qu’il doit être lu par le plus grand nombre et qu’il faut attirer les lecteurs, le bon peuple européen, qu’il faut convaincre. Comment faire ? La meilleure façon est d’ajouter quelques bonnes histoires de pirates dont les Européens étaient friands à l’époque. Et on ne va pas y aller avec le dos de la cuillère. Voilà que ce capitaine Snelgrave a également été capturé par les pirates. Et pas par n’importe lesquels, mais par les plus connus de l’époque, ceux dont on parle dans les chaumières en Europe, à savoir Howell Davis (connu pour avoir pris Fort James sur le fleuve Gambie), le Français La Buse (une autre célébrité) et Cocklyn (connu pour sa férocité). Pour les besoins de l’aventure, on réunit ces trois-là ensemble dans le même épisode (le monde est petit et il faut quand même condenser le récit). Et on place ces aventures au chapitre III afin de s’assurer que le lecteur aura lu les arguments pro-esclavagistes avant de se détendre avec les histoires de pirates. Voilà donc un remarquable livre de propagande, parfaitement construit. 

     Notons qu’il est paru en 1734 et, fait extraordinaire, il a été traduit en français dès l’année suivante en 1735. Il devait y avoir un lobby puissant pour faire traduire et publier si vite ce livre dans la langue de l’ennemi héréditaire. Mais il faut dire que le français était la langue la plus lue en Europe à l’époque, d’où l’urgence d’une traduction. Il sera traduit en allemand en 1747 (décidément, un grand succès de librairie).

     Est-il crédible qu’un livre remarquablement pensé et composé, fourmillant d’anecdotes peu crédibles et allant toutes dans le même sens, ait véritablement été écrit par un capitaine négrier ?

     Qui est-il d’ailleurs, ce capitaine Snelgrave ? A vrai dire, personne ne le connaît et on ignore la date de sa naissance et celle de sa mort. Au point que Pierre Gibert (le préfacier de l’édition 2008 publiée chez Gallimard) écrit : Malgré toutes nos recherches, notamment auprès de la bibliothèque du musée de la Marine de Paris et auprès des services d’archives du musée de la Marine britannique de Greenwitch, nous n’avons pu trouver les dates de sa naissance et de sa mort ; nous faisons appel aux lecteurs au cas où ils pourraient nous informer.

Pour un témoin aussi important, ce serait bien en effet de s’assurer qu’il ait vraiment existé...» 

Olivier Merle

9 juin 2010 (http://www.raphaeladjobi.com/archives/2010/05/27/18027633.html )

 

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