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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
29 mai 2020

La mort de George Floyd, ou quand tuer sous le sceau de la légalité est un plaisir

                             La mort de George Floyd

    ou quand tuer sous le sceau de la légalité est un plaisir

A Alain Mambackou

          Depuis le lundi 25 mai 2020, en France comme partout en Europe - et partout où les Blancs sont majoritaires - aucun journaliste, aucun intellectuel, aucun homme politique n’ose prendre sa plume pour se poser cette question : comment expliquer qu’un homme chargé de l’autorité publique – un policier – soit capable de tuer avec un évident plaisir un autre homme en l’asphyxiant sur la voie publique tout en toisant les cameras qui le filment ?

          Aucun journaliste ou intellectuel blanc ne fera sur cette terre ce travail de réflexion pour la simple raison que la victime est un Noir et le bourreau un Blanc. En France comme dans tous les pays majoritairement blancs, il s’agit d’un fait divers qu’on se racontera entre le fromage et le café ou en mordant à pleine dent dans son hamburger acheté chez Macdo. Il est loin, très loin le temps où d’audacieux blancs mettaient leur notoriété littéraire ou artistique au service d’une cause humaine n’ayant pas la couleur blanche.

A Alain Mambanckou 3

          Et pourtant, il suffit de regarder le film de la mort de l’Américain George Floyd pour ne pas croire à un fait divers ; une expression qui passe dans le langage populaire pour un malheureux accident. Non ! Voir cet homme noir, qu’on imagine aisément d’une stature impressionnante, couché sur le ventre - et donc la face contre terre – les mains menottées dans le dos, fermement maintenu immobile par la force d’un policier pendant que son coéquipier - les mains dans les poches pour prouver la magnificence de sa méthode - l’asphyxie par la force de pression de son genoux et du poids de son corps, est une scène absolument sidérante. Tout un art que le policier blanc qui opérait la mise à mort a tenu à prouver en regardant les cameras qui le filmaient. Il a même un moment sorti les mains de sa poche pour montrer qu’il ne s’en servait pas. Effectivement, au bout de trois ou quatre minutes, il est parvenu à ôter la vie à ce grand nègre sans se servir de ses mains. Quelle prouesse admirable ! Le troisième policier – d’origine asiatique - qui écartait les quelques rares passants qui les approchaient de trop près, était tout à fait admiratif ! Pendant de longues minutes, on voyait qu’il se demandait si son collègue allait y arriver. De toute évidence, au regard de leur impassibilité, de leur tranquillité à agir, ces trois policiers n’étaient pas à leur premier crime par cette méthode d’étouffement. Le corps noir est assurément un jouet pour les policiers dans certains pays.

          Le Site de la radio RTL est absolument ignoble d’employer l’expression «bavure policière» pour qualifier la mise à mort avec délectation que montrent les cameras que fixait le bourreau. Que faut-il à un Blanc pour qualifier de crime la mort d’un Noir qu’on étrangle alors qu’il n’a aucune possibilité de se défendre ? Il suffisait peut-être que la victime soit tout simplement Blanche. George Floyd n’a pas eu cette chance-là. Le jour où, dans un pays majoritairement noir, le corps des Blancs deviendra un jouet entre les mains des policiers, nous verrons bien si les Blancs continueront à se murer dans le silence comme ils le font actuellement.

Raphaël ADJOBI

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28 mai 2020

La ronde des ombres (Philippe N. Ngalla)

                           La ronde des ombres

                                         (Philippe N. Ngalla)

Numérisation_20200528

        Ce premier roman de Philippe Ngalla nous dévoile une société congolaise où les pratiques fétichistes sont intimement liées à celles de la politique. On écarquille les yeux en découvrant de hauts dignitaires plus rompus aux incantations apprises auprès des féticheurs qu’à discourir sur le bien-fondé de la mise en oeuvre d’un projet social galvanisant. 

          Dans ce livre, tous les bureaucrates qui veulent faire carrière dans la politique ont la même qualité : doués du talent d’un épicier, ils sont calculateurs. Leur grand plaisir : faire tomber les adversaires, corrompre pour traîner derrière eux des suiveurs. Ce qu’ils devront faire une fois parvenus au pouvoir n’a aucune importance. Tout le plaisir est le fait de se sentir victorieux. On comprend donc que les fétiches prennent plus de place dans leur vie que les outils économiques, sociaux et culturels à faire valoir. C’est vrai que dans le premier cas, on n’a pas besoin de l’adhésion des populations ; alors que dans le second cas, on est obligé de composer avec elles. Malheureusement pour le président Sylvestre, cette confiance aveugle placée dans les fétiches aboutit à un cauchemar qu’il tentera vainement de comprendre.

          Le fait qu’un individu en proie aux effets négatifs du fétichisme soit l’unique sujet du livre le rend à la fois déroutant et quelque peu monotone, malgré quelques analyses lumineuses. Mais ce qui rend un peu difficile la progression dans la lecture de ce roman, c’est le niveau de langue de l’auteur. En effet, le style trop recherché vous oblige souvent à vous demander ce qui est important à ses yeux : le style – aux nuances multiples et au subjonctif imparfait toujours présent - ou le récit que l’attention finit par perdre régulièrement de vue ? Ce premier roman montre tout de même que Philippe Ngalla est un bon conteur parce qu’il maîtrise l’art de vous tenir en haleine. 

Raphaël ADJOBI

Titre : La ronde des ombres, 199 pages.
Auteur : Philippe N. Ngalla
Editeur : Le Lys Bleu
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8 mai 2020

Commémoration de l'abolition de l'esclavage 2020 (Raphaël ADJOBI)

172e anniversaire de l’abolition de l’esclavage

                           10 mai 2020

Commémoration 2020 Raph 001

Cher(e)s adhérentes et adhérents de la France noire

Chers ami(e)s,

          Le respect des mesures sanitaires prises par notre pays explique cette année l’absence d’appel à se retrouver fraternellement dans un même lieu pour commémorer le 172e anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Cependant, conscients de l’importance du devoir de ne pas oublier les moments terribles de notre histoire, les membres du bureau de La France noire voudraient honorer avec vous – par le biais de cette vidéo – la mémoire de tous les captifs africains qui, déportés dans les Amériques, sont morts en participant en tant qu’esclaves au développement et au rayonnement du royaume de France puis de la République, et surtout la mémoire de tous ceux qui sont morts dans la quête de la liberté, et donc pour l’abolition de l’esclavage.

          Mais n’oublions jamais que nous honorons également la mémoire de tous les Africains morts durant les siècles de la traite parce que la France – comme les autres puissances d’alors - voulait absolument satisfaire sa volonté et son besoin de s’enrichir en développant ses colonies américaines. Il s’agit de la mémoire de tous les Africains qui sont morts sur les lieux de capture, celle de ceux morts en captivité dans les comptoirs européens du golfe de Guinée, la mémoire de tous ceux qui se sont suicidés pour échapper à la déportation, qui sont morts sur les navires par maltraitance ou par manque de soin, la mémoire de tous ceux qui, à partir de 1807, ont été jetés collectivement à la mer par les négriers qui ne voulaient pas voir leur navire arraisonné et confisqué par l’Angleterre ; l’Angleterre qui avait commencé à faire la police sur l’Atlantique. Oui, à partir du début du XIXe siècle, par groupe de 200 à 500 personnes, des milliers d’Africains ont été engloutis vivants dans l’océan pour le prix d’un navire négrier qu’il fallait sauver !

          Ce moment de partage d’une mémoire commune est aussi l’occasion de ne pas oublier notre jeunesse et l’enseignement qu’elle reçoit sur ce chapitre. Il est important de veiller à la justesse de l’héritage de l’histoire de la traite et de l’esclavage dans les manuels scolaires. Il convient de se montrer vigilant quant aux nombreuses questions et analyses insidieuses tendant à favoriser les interprétations fantaisistes – pour ne pas dire fallacieuses ; des interprétations qui n’ont pour seul but que de dégager les Européens de la responsabilité de la traite et en même temps de vider la commémoration de l’abolition de l’esclavage de son sens fondamental qui est le crime contre l’humanité. Nous ne devons jamais perdre de vue que l’histoire de France nous enseigne que quand une puissance étrangère s’implante sur une terre qui n’est pas la sienne pour procéder à la déportation des populations sur une autre terre étrangère afin que s’accomplisse son projet final personnel, cette puissance est la principale responsable du crime ; même si, dans son entreprise, elle a bénéficié d’une collaboration locale. En d’autres termes, ce sont les Européens qui portaient le projet initial - le développement de l’Amérique - avec une finalité claire – l’enrichissement de leur royaume - qui sont indubitablement les principaux responsables de l’entreprise dont les conséquences sont qualifiées de crime contre l’humanité, et non leurs «collabos» africains. Et c’est ce qui doit être retenu, parce que c’est ce que notre pays a reconnu par la loi dite Taubira de 2001 !

          Notre association, La France noire, saisit aussi l’occasion pour rendre hommage à tous les Français blancs de bonne volonté qui, hier comme aujourd’hui, dans la tradition humaniste de leurs aïeux, tels Olympe de Gouges et l’abbé Grégoire, ont toujours marché aux côtés de leurs frères Noirs pour mener le combat de la reconnaissance de leur dignité humaine ainsi que celui de la reconnaissance de l’héritage africain de la France. C’est ensemble, cher(e)s ami(e)s, que nous construirons la fraternité républicaine, le troisième pilier de notre devise nationale.

Le discours en vidéo : www.lafrancenoire.com

Raphaël ADJOBI

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