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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
28 janvier 2021

Le "premier-né" de Raphaël ADJOBI est un essai sur l'enseignement du français

               Le "premier-né" de Raphaël ADJOBI

Les impliqués 1

Les impliqués 2

 

                                 © Electre 2021 (réseau de librairies)

« Un essai sur l’importance de l’apprentissage de la langue française et comment l’Education nationale échoue à l’inculquer, nuisant ainsi aux valeurs culturelles que la langue véhicule et aux réflexions qu’elle permet. L’auteur insiste sur le rôle des enseignants, critique l’enseignement personnalisé et évoque le surdiagnostic de la dyslexie et de l’hyperactivité ».

                    Lire l'article de Liss kihindou : valetsdeslivres

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17 janvier 2021

Un autre tambour (William Melvin Kelley)

                             Un autre tambour

                                   (William Melvin Kelley)

Un autre tambour - William Melvin Kelly

          Selon l’auteur, le titre du livre – Un autre tambour – fait référence à quelques vers d’un poème de l’Américain Henry David Thoreau disant « Quand un homme ne marche pas du même pas que ses compagnons, c’est peut-être parce qu’il entend battre un autre tambour » ; et les vers complétant cette pensée sont un encouragement à celui qui se trouve dans cette situation : « Qu’il accorde donc ses pas à la musique qu’il entend, quelle qu’en soit la mesure ou l’éloignement ». Le lecteur peut donc deviner à quoi il doit s’attendre s’il ajoute à ces vers le contenu de la quatrième de couverture précisant que dans ce livre « toute une population déserte une ville » après le geste d’un seul homme qualifié de fou. Aussi, plutôt que de donner ici une analyse de ce roman de William Melvin Kelley, nous nous limitons à dire tout simplement qu’il peut être dédié, avec beaucoup de reconnaissance, à deux catégories de personnes :

- A tous les Blancs qui, conscients de la différence de leur carnation, n’acceptent pas que les lois et autres mesures de l’État valident les injustices que soutiennent et revendiquent certains à l’égard de ceux qui n’ont pas leur couleur de peau. En effet, dans ce monde, nombreux sont les Blancs qui, devant les injustices, les humiliations, le refus de la prise en compte par l’Etat des spécificités des minorités visibles, se taisent, refusent de s’engager, ou parfois même poussent l’ignominie jusqu’à dire que les choses ont toujours été ainsi et que l’on ne peut rien y changer. Dans une société à majorité blanche, où femmes et hommes sont accrochés à leurs certitudes comme des moules à leur rocher, voir certains de cette communauté considérer les choses sous un autre angle et se dire « non, les choses ne peuvent pas continuer ainsi », cela mérite assurément un hommage appuyé. Car dans certains pays, ces Blancs sont « blacklistés », c’est-à-dire classés comme des traîtres de leur propre communauté.

- A ceux qui, continuellement exploités, humiliés et méprisés, décident un jour de briser la chaîne des injustices qui les frappent comme un sort éternel. Mais dans cette catégorie, il s’agit presque toujours d’un seul homme ou une seule femme osant poser le premier acte qui amorce le mouvement d’un autre, puis d’un autre encore jusqu’à ce que la chaîne brisée donne à la société un autre visage. Dans ce livre, c’est justement l’action incompréhensible – parce que brutale et inhabituelle – du premier modèle qui sert de fil conducteur au récit et tient le lecteur en haleine jusqu’au dénouement final. Ce modèle fait partie de ces héros qui permettent à d’autres personnes – Blanches ou Noires – de dire « sans votre acte de défi […], je n’aurais peut-être pas fait ce que j’ai fait » (Le feu des origines, Ch. V, Emmanuel Dongala), ou encore « Il s’est libéré : cela a été capital pour lui. Mais il m’a libéré aussi, d’une certaine manière » (propos d’un personnage blanc d’Un autre Tambour).

          Nous appuyant sur une conversation entre un jeune homme blanc d’ Un autre tambourdéçu par le jugement de sa mère sur les Noirs – et son père, nous disons ceci : à l’heure où Blancs et Noirs se côtoient quotidiennement dans les mêmes écoles et les mêmes universités, devant les propos méprisants et les choix injustes de certains adultes, il serait très agréable que les jeunes Blancs soient plus nombreux à dire à leurs parents « Je trouve assez injuste de votre part de m’envoyer à l’école fréquenter des Noirs, puis de me demander de rester un bon petit Blanc » avec des idées racistes. Et ce serait aussi très réjouissant d’entendre les parents répondre : « Tu as raison. Nous ne pouvons nous attendre à ce que tu sortes de l’école pareil à ce que tu as toujours été » parmi nous (p. 215 et 217). En effet, si l’école et la compagnie des autres ne nous changent pas, qu’est-ce qui peut faire grandir notre humanité ?

Raphaël ADJOBI

Titre : Un autre tambour, 283 pages.

Auteur : William Melvin Kelley

Editeur : Delcourt, 2019.

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13 janvier 2021

Trop de Raphaël ADJOBI en Côte d'Ivoire : une histoire d'usurpation d'identité (Raphaël ADJOBI)

               Trop de Raphaël ADJOBI en Côte d’Ivoire :

                      une histoire d’usurpation d’identité

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          Jusqu’à la fin des années 1990, Bonoua était une commune où presque tous les jeunes se connaissaient. J’étais indiscutablement le seul Raphaël ADJOBI connu dans cette ville. Donc normalement, il ne peut exister sur cette terre deux Raphaël ADJOBI né à Bonoua et ayant plus de 55 ans ! Mais chose extraordinaire, aujourd’hui, il y a une dizaine de Raphaël ADJOBI dans le monde ayant à peu près mon âge – au regard de leur physique repéré sur Internet (4 aux Etats-Unis !).

          De l’ethnie abouré, le nom ADJOBI est déjà rare. Cette ethnie peuple les villes de Bonoua et Bassam, et les villages de Moossou, Yahou, Adiaho, Ebra et Vitré. Tous mes amis qui ont fait leur scolarité à Bassam m’assurent n’avoir jamais connu un autre Raphaël ADJOBI. D’ailleurs, le prénom Raphaël était aussi très rare en Côte d’Ivoire, à mon époque. Mis à part l’ancien ambassadeur français Jacques Raphaël Leygues et un camarade de classe en sixième, durant toutes mes années passées en Côte d’Ivoire, jamais je n’ai rencontré et n’ai entendu parler d’un autre Raphaël. Comment est-il donc possible de trouver aujourd’hui une dizaine d’Ivoiriens s’appelant Raphaël ADJOBI et ayant à peu près mon âge ? C’est cette question sans réponse qui justifie ce billet. Mais j’ai des raisons personnelles de m’inquiéter et soupçonner certains d’usurpation d’identité.

          En 1978, après deux années d’études en France, je bénéficie d’un billet de vacances en Côte d’Ivoire. Je profite de l’occasion pour aller retirer l’original de mon diplôme de baccalauréat qui m’était exigé pour une inscription à l’université d’Abidjan. En effet, j’avais alors la ferme intention de poursuivre en Côte d’Ivoire mes études de lettres modernes que je menais en France parallèlement à celles de l’espagnol.

          Parce que je bénéficiais toujours de ma bourse pour mes études en espagnol en France, et aussi parce que la fin de validité de mon billet approchait, j’ai finalement pris la décision de rentrer en France ; mais sans prendre la peine d’aller retirer mon dossier d’inscription à l’université d’Abidjan. Depuis cette date, j’étais certain de trouver en Côte d’Ivoire plusieurs personnes – physiquement proche de mon âge - portant le même nom et le même prénom que moi. Le vol de diplôme ainsi que la falsification des actes de naissance sont choses courantes en Côte d’Ivoire (et dans un autre pays réputé que je ne nommerai pas). Et immanquablement, ce qui était attendu est arrivé.

          Retenez que si vous connaissez un autre Raphaël ADJOBI que moi né le 10 mai à Bonoua, c’est une preuve indubitable que c’est un usurpateur. (Cliquez sur ma photo pour m’écrire)

          Si vous connaissez un autre Raphaël ADJOBI ayant obtenu son baccalauréat en Côte d’Ivoire en 1976, c’est sûrement un usurpateur. (Cliquez sur ma photo pour m’écrire).

          Une chose est certaine, tous ceux qui ont changé de nom sont connus dans leur famille, dans leur village et parmi leurs connaissances. Changer de nom et prénom à l’âge adulte, cela ne peut pas se cacher trop longtemps. Les gens finissent par se poser des questions. Si vous volez un diplôme de baccalauréat, personne ne peut dire qu’il a été votre camarade de classe dans le primaire, au collège ou au lycée. Testez tous les Raphaël ADJOBI autour de vous et vous verrez. Commencez par leur demander leur date de naissance et l'année d'obtention de leur baccalauréat et vous verrez leur comportement. Il n'y a pas deux Raphaël ADJOBI ayant obtenu le bac en 1976 !  

          Mon parcours scolaire est le suivant : collège Voltaire - collège saint-Simon - Collège de Cocody - Lycée classique d'Abidjan. Si vous avez connu un camarade de classe qui s’appelait aussi Raphaël ADJOBI, dites-moi dans quel établissement et en quelle année. Merci. (Cliquez sur ma photo pour m’écrire). 

° Vous vous appelez aussi Raphaël ADJOBI, vous devez m'aider à éclaircir le problème. Vous avez le devoir de vous poser des questions.

Raphaël ADJOBI
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10 janvier 2021

Le feu des origines (Emmanuel Dongala)

                           Le feu des origines

                                             (Emmanuel Dongala)

Le feu des origine - Emmanuel Dongala

          N’est-il pas vrai que nous convenons tous, au regard de nos connaissances actuelles, que l’Afrique est le berceau de l’humanité ? Alors lire Le feu des origines c’est découvrir comment l’homme est apparu sur ce continent, comment il a évolué dans les premières sociétés jusqu’à sa rencontre avec son lointain descendant se disant Blanc. Pour réussir le récit de cette évolution de l’homme, Emmanuel Dongala prend à rebours l’annonce de la naissance divine de Jésus, conçu dans la virginité de Marie ! On assiste alors à un vrai chemin de croix du héros. Une belle fiction d’un pan de l’histoire de l’humanité qu’il convient de découvrir sous l’angle du regard d’un Africain pétri par les récits de sa terre natale.

          Au commencement des sociétés humaines, à l’image de Jésus, le héros du récit comprend – en cherchant la puissance qui se cache derrière les choses – que « pour construire, il faut détruire. […] et qu’ il faut souvent partir pour mieux revenir ». En effet, la personnalité de Mankunku bouscule les habitudes séculaires que son clan veut maintenir immuables quand bien même ces habitudes froissent terriblement certains individus. Pour lui, les choses sont claires : « entre préserver ce qui nous est commun et se soumettre aveuglément à des ancêtres morts, il y a quand même une grande marge ». Il choisira donc ce qui peut préserver et nourrir le présent plutôt que la soumissions au passé. Belle réflexion à méditer par les Français blancs accrochés à des certitudes et aux statues de quelques ancêtres comme des moules à leurs rochers.

          D’ailleurs, aucune société ne vit indéfiniment repliée sur elle-même. Un jour où l’autre, une jonction s’établit avec un peuple inconnu. Et c’est ce qui se produit quand des hommes rouges débarquent avec la ferme volonté de coloniser la terre du clan de Mankunku. Ces hommes recrutent des miliciens parmi les ethnies soumises et entreprennent d’étendre leur domination en terrorisant les populations pour obtenir d’elles une matière qui semble avoir une très grande valeur à leurs yeux : le caoutchou ! Parce que la vie de tout le monde était entièrement consacrée à la récolte de ce produit, les femmes n’avaient « plus le temps de cultiver le manioc, les arachides ou les ignames » nécessaires à l’alimentation de la famille. Partout, l’administration de l’étranger rouge n’avait qu’une solution à toutes les situations qui se présentaient : la force, la violence ! Bientôt, les étrangers apprennent au clan de Mankunku que tous font partie de leur pays appelé la mère patrie et qu’ils doivent aller la défendre. C’est ainsi que les populations africaines accompagneront les Français sous tous les cieux pour défendre leurs intérêts. Puis, un autre jour, on les couvrit de médailles et on leur annonça « l’indépendance ». Mankunku ne vit pas la différence. Il était alors temps pour lui de se demander ce qu’il pourrait attendre de cette Afrique dite traditionnelle qui semblait être une « société dont l’idéal était sa propre perpétuation ».

          Emmanuel Dongala signe ici un récit magnifique que les enseignants – et tous ceux qui veulent avoir une idée précise de la colonisation – doivent lire pour apprécier la magnifique démonstration de puissance de l’Européen sur le continent africain, grâce aux armes à feu. Mais il laisse aussi croire au lecteur que les Africains postcoloniaux – comme ceux d'avant la colonisation – sont condamnés à se battre contre certaines traditions qui les empêchent de prendre leur envol. En effet, ils sont obligés de se répéter que entre préserver ce qui leur est commun et se soumettre aveuglément à des pratiques qui bafouent la liberté de chacun de vivre avec qui il veut, il y a quand même une grande marge. Le feu des origines apparaît donc comme une histoire de l’humanité qui semble un éternel combat.

Raphaël ADJOBI

Titre  : Le feu des origines, 292 pages.

Auteur  : Emmanuel Dongala

Editeur : Actes Sud, 2018 (Première publication, 1987, Albin Michel).

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