Les contes de Chrys Demange
L’incomparable descendance du père
Jean Rayvanckor
Le charme de ces contes réside d’abord dans la modernité des aventures. La formule rituelle « Il était une fois », même si elle n’est pas prononcée, est à considérée entendue une fois pour toutes au début de la présentation de cette fabuleuse Descendance de Jean Rayvanckor. Chacun des contes qui suit fait dès lors l’économie de cet ascenseur vers le passé puisque nous demeurons dans le présent.
Les contes de Chrys Demange sont en effet des rêves d’enfants d’aujourd’hui. Ce sont des contes qui évoquent des sujets d’actualité que les enfants regardent généralement comme des histoires inaccessibles qu’ils emportent pourtant dans leurs rêves. Les garçons et les filles de ces contes ressemblent aux garçons et aux filles d’aujourd’hui aussi bien dans leur débordante imagination que dans leurs actes quotidiens. Et c’est cela qui rend les histoires de ce livre amusantes et captivantes.
Cette descendance de Jean Rayvanckor (j’en rêve encore !) se caractérise essentiellement par le déterminisme que traîne chacun des héros par le biais de son nom, véritable pseudonyme puisqu’il cache la véritable nature du personnage. Ainsi Noémie Fassol (Noé, mi, fa, sol) ne pouvait qu’envisager une carrière de chanteuse vedette à la télévision ; et le garçon plein de malice sous son air attachant ne peut être que Benoît de Malice (Noix de malice). Quant à Andréa Van Thur (André Aventure) et Margot de Vant (Go ! devant), ils ne peuvent être intéressés que par des voyages merveilleux qui aident à mieux se découvrir en comblant d’espoir le cœur et l’esprit.
L’autre charme indéniable de ces contes réside dans la qualité de l’écriture. Quand on veut élever l’âme de ses enfants, on met entre leurs mains des choses de qualité. Et la chose est vraie s’agissant de l’apprentissage de la langue. Ici, le niveau de langue est élégant et s’allie agréablement à la drôlerie pour rendre la lecture à la fois agréable et amusante. Nous sommes loin de la littérature « caca boudin » - et autre « sais pô » - qui veut se substituer au langage « adulte » jugé trop normé par certains. Chrys Demange tourne radicalement le dos à cette littérature qui revendique les droits de la langue enfantine contre la syntaxe de la langue littéraire qu’elle ridiculise en faisant la satire des figures éducatives que sont les parents et les enseignants. Malheureusement, nombreux sont les parents qui ne se rendent même pas compte que par le biais de ces lectures dont les contenus autorisent souvent l’outrage et l’irresponsabilité et tout cela dans un univers ou l’autorité des adultes est sabordée, ils donnent à leurs enfants les moyens de saboter de manière immédiate l’éducation qu’ils leur donnent. Et l’on s’étonne après de la multiplication des passages à l’acte et de l’échec des messages de citoyenneté.
Les enseignants ne peuvent donc que louer l’arrivée sur le marché de ce merveilleux livre de contes qui allie à la fois modernité des aventures et beauté littéraire. Dans les foyers, il pourrait être un joli cadeau. Pensez à l’offrir ; vous ferez des heureux.
Titre du livre : L’icomparable descendance du père Jean Rayvanckor
Auteur : Chrys Demange
Editions : Dominque Guéniot