Comment est né l'Etat dIsraël
Comment est né l’Etat d’Israël
Les 13 et 14 mai 2008, l’état d’Israël fêtait son soixantième anniversaire alors qu’au même moment, les Palestiniens commémoraient le soixantième anniversaire de La Grande Catastrophe. Pour la première fois, les médias français n’ont pas manqué d’associer les deux événements qui sont naturellement indissociables. Et on peut louer la justesse des points de vue de bon nombre de journalistes français qui n’ont pas manqué, dans des émissions diffusées au début du mois de mai, de souligner les contrôles de tout genre que les Israéliens font peser sur les Palestiniens pour empêcher tout développement économique et social de cette population.
Mais je ne veux point ici traiter des relations entre ces deux peuples qui se disent naturellement ennemis. Je voudrais tout simplement vous emmener vers une source singulière de la naissance d’Israël et en tirer une conclusion tout à fait personnelle.
Tout le monde sait que c’est un acte de la Société des Nations qui, il y a 60 ans, donna naissance à l’Etat d’Israël. Tout le monde peut aussi aisément imaginer qu’il y a des hommes qui ont préparé cet acte. Mais c’est là qu’apparaît la singularité de la naissance de ce pays. Et il m’a fallu lire un livre magnifique pour découvrir la véritable origine de la colonisation de la Palestine par les juifs avec la complicité des organisations internationales.
C’est dans la biographie de Kessel par Yves Courrière que j’ai ppris le rôle déterminant joué par par Haïm Weizmann, ce biolorusse né en 1874, qui deviendra le premier président de la République du tout nouvel Etat d’Israël. Cet homme était devenu l’ami de Théodor Herzl, le grand Théoricien du retour des juifs en Israël. A la mort de ce dernier, le premier reprendra le flambeau du sionisme mondial et réalisera l’œuvre du grand Théoricien. Voici comment.
« Après la rencontre avec Théodor Herzl, Weizmann, devenu ardent propagandiste, avait émigré en Angleterre où il avait occupé un poste de professeur à Manchester. Naturalisé anglais en 1910, ce chimiste de génie avait travaillé pendant la Première Guerre mondiale dans les laboratoires de l’amirauté britannique où il avait découvert une acétone synthétique qui fut utilisée pour la fabrication des explosifs. Cette découverte essentielle en avait fait une célébrité aussi bien dans le monde scientifique que dans les cercles politiques britanniques. Profitant de ses importantes relations au sein du gouvernement, il avait obtenu, dès 1917, la fameuse déclaration Balfour selon laquelle, après la guerre, la Palestine, arrachée à la Turquie, serait reconnue comme foyer national juif. Depuis que la Société des Nations avait confié la Palestine en mandat au Royaume-Uni, Weizmann, élu à la tête de l’organisation sioniste mondiale, se battait pour que la promesse britannique devînt réalité et que le « foyer national » se transformât en Etat juif. Son principal souci était maintenant de trouver aux quatre coins du monde les capitaux nécessaires à l’émigration, au développement des colonies déjà implantées et à l’achat de nouvelles terres ». (page249)
La découverte d’un explosif contre un foyer de paix pour les juifs en Palestine. Tout le monde connaît la suite. 700 mille Palestiniens ont dû quitter leur maison au moment de la création d’Israël en 1948. Aujourd’hui, les nouvelles implantations ou colonies sont des machines à faire de nouveaux Israéliens. Ce sont des juifs étrangers de condition médiocre qui entrent en Israël pour grossir sa population. La simple visite de ces colonies est interdite aux arabes Israéliens, aux juifs Ethiopiens et aux Palestiniens. Seuls les étrangers et les autres juifs peuvent s’y aventurer.
Je retiens pour ma part que rien ne s’obtient gratuitement. Aucun peuple n’est généreux au point de vous offrir le paradis. Tout est une question de lutte, de pouvoir et d’influence. Tous les peuples, toutes les communautés qui aspirent à un certain mieux être, ont le devoir de se bâtir un pouvoir d’action. En définitive, c’est le moyen le plus sûr et le plus durable parce qu’il oblige l’opposant à revoir sa conduite. Quant au recours aux armes, il vous expose généralement à un retour de bâton douloureux.
Raphaël ADJOBI
Le passage cité est extrait de Joseph Kessel
Ou Sur la piste du lion (Yves Courrière),
Editions France Loisirs.