Une jeune Malienne interroge les dirigeants maliens et africains
Une jeune Malienne interroge
les dirigeants maliens et africains
« Pour qu’il y ait corruption, il faut un corrupteur et un corrompu. Qui sont les corrupteurs aujourd’hui ? Qui sont les corrompus d’aujourd’hui ? Les corrompus d’aujourd’hui sont les personnes censées empêcher la corruption ; ce sont les personnes censées nous protéger ; ce sont les personnes censées appliquer les lois, les sanctions.
Je travaille dans une entreprise qui répond à des appels d’offre ; mais nous constatons que des personnes payées par nos impôts pour signer les documents demandent qu’on leur verse de l’argent - avant d’aller plus loin. L’argent que les entreprises leur versent et qui doit aller dans les caisses de l’État pour servir à construire les écoles, à soigner les malades, qu’en font-elles ? Cet argent, les entreprises le donne en fait à une personne lambda payée par l’État qui s’enrichit au lieu d’enrichir l’État.
Maintenant parlons de nos dirigeants, de nos ministres, du président de la République. Quand arrivent les élections, savez-vous comment elles sont financées dans nos pays ? Les entreprises sont rackettées ! "Vous ne voulez pas payer ? demandent-ils. Eh bien, nous verrons bien au prochain appel d’offre comment les choses vont se passer…." Bien sûr que nous avons tous un rôle à jouer. Bien sûr que je peux dire à la douanière de l’aéroport qui me demande 10.000 francs CFA pour les trois tissus neufs qui sont dans mon sac que c’est de la corruption. Bien sûr que je peux dire au policier qui me rackette que je ne veux pas donner ce qu’il me demande parce que c’est de la corruption. Mais qu’est-ce que je dis à toutes ces personnes qui nous dirigent, qui sont censées nous protéger mais qui sont les premières à nous bafouer, à hypothéquer notre avenir parce qu’elles ne veulent pas arrêter de s’enrichir ? Et les entreprises ne peuvent pas non plus arrêter de payer les corrompus parce qu’elles ne veulent pas arrêter de survivre parce qu’il leur faut aussi continuer à payer des salariés. Et qui sont ces salariés ? Ce sont tous ces jeunes à qui nous sommes en train de dire "Croyez au Mali ! Croyez en l’Afrique ! Croyez en l’avenir, n’allez pas sur les routes de l’émigration". Mais que leur offre-t-on en option ? Quelles solutions offre-t-on à leurs problèmes ? »