L'obéissance (Analyse et réflexion)
L'obéissance
(Analyse et réflexion)
L’écrivain et journaliste Christophe Henning rappelle dans un article, publié dans le journal Lacroix le 9 juillet 2021, l’origine latine du mot « obéissance », afin de mieux nous permettre de cerner son vrai sens qui est loin de l’idée de l’exécution aveugle d’un ordre que nous lui donnons aujourd’hui. Le mot vient du latin ob audire, signifiant « se mettre à l’écoute ». Il ne veut donc nullement dire « obtempérer, exécuter, se soumettre […] à un pouvoir qui est extérieur » tel l’ordre d’un commandant de bord d’un navire ou d’un avion quand il nous dit de mettre notre ceinture ou notre gilet de sauvetage. L’obéissance est avant tout une réponse à un appel intérieur, une réponse à une parole qui résonne en chaque être. L’obligation ne doit par conséquent peser que sur celui qui a adhéré à un appel, celui qui s’est engagé. Voilà pourquoi les religieux conçoivent leur vocation comme un choix libre.
Même si nous savons qu’il y a des choix de vie qui « obligent », l’obéissance à une autorité supérieure est intimement liée à notre liberté, parce que « le supérieur n’a d’autorité que celle que l’on veut bien lui conférer […] C’est parce que je suis libre que je peux obéir », dit l’un des interlocuteurs du journaliste et écrivain. En d’autres termes, selon Christophe Henning, « l’obéissance n’est pas – ne doit pas être – au gré des caprices d’un supérieur, ce qui est constitutif de l’abus d’autorité et peut malheureusement se produire […] L’obéissance est un acte de libre adhésion. [...] Il ne devrait donc pas y avoir d’obéissance, sans d’abord, de dialogue ».
Dans l’acte d’obéissance, précise Christophe Henning, le piège à éviter c’est le désir de faire plaisir à son interlocuteur – encore s’il est le supérieur. Car « en fait, l’obéissance nécessite véritablement une parole libre, qui n’a pas pour but de plaire », comme le dit si bien le jésuite Thierry Lamboley. Et Daniel Marcelli de conclure : « Ainsi devient-on capable d’obéir pleinement quand nous avons la possibilité de dire non ».
Nous sommes donc tout à fait d’accord pour dire avec le frère Jean Alexandre que l’obéissance est un chemin de croissance humaine et spirituelle qui demande du temps ; du temps qui passe par les contraintes des événements et les demandes ou exigences des autorités supérieures. Cela veut dire aussi que toute obéissance à une autorité supérieure sans la possibilité de dire non est une contrainte dictatoriale qui brise la liberté de l’individu.
Un compte rendu de Raphaël ADJOBI