Quand le buste de Nefertiti la Blanche pollue l'histoire de l'Egypte ancienne (Raphaël ADJOBI)
Quand le buste de Nefertiti la Blanche pollue
l'histoire de l'Egypte ancienne
la supercherie de la Blanche Nefertiti dénoncée en 2009 est depuis couverte d’un long silence au point que ce buste est considéré comme l’exacte représentation de la femme de l’Égypte ancienne. Rappelons donc les faits afin que les jeunes générations ne suivent pas cette opinion commune sans se poser de question. En effet, quand on s’étonne des affirmations disant totalement le contraire de ce que l’on voit, la sagesse commande de suivre sa propre opinion ou de suspendre son jugement au lieu de suivre l’avis de la majorité :
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La seule et unique statue au monde représentant une Égyptienne des époques pharaoniques qui ne laisse aucun doute à personne sur sa blanchité (sa peau blanche) est indiscutablement le fameux buste de Nefertiti brandi en 1912 par l’égyptologue allemand Ludwig Borchardt. Buste visible au musée de Berlin et décliné en une multitude d’objets d’art, souvent vendus à prix d’or. Malheureusement, presque tout le monde ignore en ce XXIe siècle qu’au printemps 2009, l’historien et égyptologue suisse Henri Stierlin avait publié les résultats de ses recherches mettant en cause l’authenticité de ce buste de Nefertiti. Aujourd’hui, nulle part dans les musées et les salles d’exposition où des copies de ce buste sont installées, il n’est fait mention de cette contestation de son authenticité. Il faut dire que ce silence qui s’apparente à de la complicité rapporte beaucoup d’argent. Alors, personne ne veut cracher dans la soupe.
Tant que ça rapporte gros, il faut faire comme si...
Et pourtant, selon Henri Stierlin, la statue que son prétendu découvreur allemand dit tombée d’une hauteur d’un mètre (quelle précision !) mais n’ayant pour toute égratignure qu’une oreille ébréchée n’est rien d’autre qu’un faux, une réalisation personnelle de Ludwig Borchardt pour idéaliser la femme blanche. Le contexte de l’époque prônant ouvertement la suprématie blanche dans toute l’Europe où l’on assurait que tout ce qui est grand et beau est l’œuvre des Blancs s’y prêtait parfaitement. Par contre, la statue de l’époux de Nefertiti trouvée juste à côté de la sienne est défigurée ! Pas de chance !
Le mercredi 28 décembre 2010, la chaîne de télévision France 3 a diffusé un documentaire faisant état des travaux de l’historien et égyptologue suisse. On y apprend qu’un contemporain de Ludwig Borchardt qui, le premier a vu la supercherie et a voulu la dénoncer, a été aussitôt nommé conservateur du musée qui a accueilli le fameux buste de Nefertiti. Une habile façon de le faire taire et étouffer la tromperie. En Égypte, assure Henri Stierlin et tous les autres intervenants du documentaire, les pierres et l’argile de l’Antiquité se trouvent en grande quantité sur les différentes ruines, jusqu’au centre du Caire. Avec ces matériaux, on peut fabriquer la statue que l’on veut accompagnée de l’attestation scientifique qu’elle est de l’époque pharaonique. Oui, si le matériau est d’époque pharaonique, la statue est de la même époque, même si on l’a fabriquée au XXe ou au XXIe siècle. Depuis le XIXe siècle, précise-t-on dans le documentaire, les nombreux faussaires n’ont jamais été inquiétés, puisque n’importe qui peut vous procurer un certificat d’authenticité justifiant le caractère antique de ce qu’il vous vend. Et un conservateur de musée d’ajouter : « tous les musées du monde possèdent de fausses sculptures antiques égyptiennes ». Édifiant n’est-ce pas ? Mais tant que ça rapporte, il faut fermer les yeux, en d’autres termes ne rien dire.
On apprend aussi dans ce documentaire que l’Égypte avait timidement réclamé la restitution du buste de Nefertiti du musée de Berlin. Devant la fin de non-recevoir qui lui a été signifiée, le pays se contente depuis de la statue de l’époque pharaonique, incontestable et incontestée, de Nefertiti : l’originale au nez cassé. Malheureusement, celle-ci ne constitue pas une manne financière extraordinaire parce qu’elle n’a pas la même éclatante blanchité que celle de l’Allemand Ludwig Borchardt dans laquelle les Européens se reconnaissent. Est-ce pour cette raison qu’une Nefertiti blanche a été érigée sur une place publique en Égypte ? Risible mais vrai ! Que ne ferait-on pas dans ce pays pour gagner de l’argent auprès des touristes blancs ! Aujourd’hui, ce pays majoritairement peuplé d’Arabes « aux traits gras et bedonnants » (selon les Africains) érige sur les places publiques des statues qui leur ressemblent mais dans la posture des pharaons. Déjà, des générations de visiteurs croient que les pharaons, ces gouvernants de l’Égypte ancienne et de Koush, étaient des Arabes. Oui, pour beaucoup, l’antiquité égyptienne est orientale.
Difficile de s’affranchir de ses préjugés !
Quand on visionne ou qu’on visite le musée égyptien de Berlin, il faut être absolument malhonnête pour ne pas constater immédiatement que la statue de Nefertiti de Ludwig Borchardt détonne dans cette galerie de portraits de l’ancienne Égypte. Mais tous les Européens des documentaires et des films préfèrent attribuer cela au fait que sa beauté est parfaite (!!). Personne n’ose relever sa couleur blanche trop évidente par rapport à toutes les autres statues du musée ! Mais il est certain que dans le for intérieur de tous les visiteurs européens, cette exception confirme la règle que l’Égypte ancienne n’est pas blanche. De même que de l’avis de nombreux voyageurs, celui qui visite le musée du Caire ne peut en aucune façon croire en une Égypte ancienne blanche ! Mais cet avis est tout à fait récent. Retenons tous cette vérité : avant 2021, aucune revue française n’a osé associer le nom pharaon et l’adjectif noir ! On se contentait de montrer ces gouvernants égyptiens et koushites sans oser parler de leur carnation puisque tous les Européens avaient accepté le fait qu’ils étaient blancs. C’était une évidence incontestable puisque les pseudo-scientifiques européens du milieu du XIXe siècle (période de l’invention du racisme) l’assuraient et les films européens à grands budgets le montraient depuis des décennies ! Heureusement, aujourd’hui il n’y a pas que les scientifiques qui disposent de documents pour donner un avis à suivre. Chaque citoyen est capable de regarder les objets et se poser des questions. Et cette nouvelle donne a sans doute contribué à une nouvelle façon de faire de la science, rendant obsolètes toutes les images de l’homme préhistorique toujours blanc, toutes les images des pharaons blancs régnant sur des peuples blancs constructeurs de pyramides dans le désert d’Afrique jusqu’au sud de l’actuel Soudan !
Oublions donc la science de ces préhistoriens et autres égyptologues du XIXe et du début du XXe siècle qui ont écrit l’histoire de l’humanité avec les vues racistes et sexistes de la société dans laquelle ils évoluaient. Aucune autre statue de l’ancienne Égypte représentant une femme indubitablement blanche (ou un homme blanc) n’est venue confirmer la Nefertiti européenne de Borchardt. Si aujourd’hui des revues françaises osent associer pharaon et noir, c’est parce que depuis une cinquantaine d’années, les préhistoriens et autres chercheurs ne se contentent plus de tirer des conclusions à partir des seuls éléments archéologiques qu’ils découvrent. Ils font désormais appel à l’ethnologie (l’étude des peuples). Une nouvelle méthode de recherche totalement différente de celles des deux derniers siècles est née : l’ETHNOARCHEOLOGIE !
L’ethnoarchéologie est une méthode scientifique qui prend en compte les peuples actuels pour mieux comprendre ceux du passé. Exemple, « L’étude des chasseurs-cueilleurs actuels peut [permettre de] mieux comprendre les modes de vie des populations du paléolithique », dit l’archéologue Sophie A. de Beaune. Effectivement, en 2018, des chercheurs ont fait appel à des chasseurs-cueilleurs Africains – précisément de Namibie – pour traduire ou expliquer des traces de pas dans la grotte de l’Aldène (Hérault), à leur grande satisfaction. Non seulement les Namibiens ont confirmé certaines de leurs hypothèses mais surtout ont révélé des comportements
insoupçonnés de celles et ceux qui ont laissé les traces il y a 8000 ans. Au XIXe et au XXe siècle, aucun Blanc n’aurait pensé faire appel à un « sauvage » africain pour l’aider à expliquer ce qu’il ne comprenait pas ! Et Sophie A. de Beaune d’ajouter : « [cette démarche] permet détendre le champ des possibles […]. Elle permet aussi d’écarter certaines hypothèses farfelues, jamais observées dans aucune population actuelle ou ayant existé » (Lady sapiens, 2020). En effet, parce qu’au XIXe et au début du XXe siècle ils ont négligé l’ethnologie, « les archéologues ont fait de l’Égypte ancienne un isolat, sans relation avec son environnement africain » (François-Xavier Fauvelle, Science et avenir, Hors-série juillet/août 2010). Si Nefertiti est blanche, son peuple blanc – aux usages si singuliers – qui aurait vécu durant des siècles ou des millénaires dans le désert d’Afrique devrait être reconnaissable sur ce continent. Malheureusement, on n’a jamais retrouvé sur terre un peuple blanc perpétuant quelques usages rappelant l’Égypte ancienne. Cette supercherie s’apparente à celle de l’affiche de propagande du XVIIIe clamant l’existence de marchés africains aux esclaves où les capitaines négriers allaient faire leurs courses ; image que les éditeurs français de manuels scolaires ont reprise sans discernement comme preuve d’une réalité africaine. Aujourd’hui, n’importe quel voyageur peut découvrir sur les côtes africaines les forts où les Européens tenaient captifs les Africains avant leur embarquement vers les Amériques mains et pieds dans les fers. Cette affiche de propagande du XVIIIe siècle comme Nefertiti la blanche de Ludwig Brochardt sont des exceptions qui confirment que la réalité est tout autre.
Raphaël ADJOBI