La victoire du nègre (Daniel Picouly)
La victoire du nègre
(Daniel Picouly)
Voici l’histoire la plus retentissante après l’invention du racisme proclamant la suprématie blanche dans tous les domaines, surtout physique et intellectuel. Peu après l’abolition de l’esclavage, la boxe, ce sport qualifié de « noble art », était « l’un des seuls endroits où Blancs et Noirs pouvaient s’affronter sur un pied d’égalité » ; égalité bien sûre inconcevable dans la conscience des Blancs et donc impossible à établir. Or, un jour, un noir est venu balayer toutes les théories pseudo-scientifiques, socle des convictions racistes sur lesquelles devaient prospérer la suprématie blanche durant des siècles et des siècles. Voici donc l’histoire que nos parents et grands-parents ne nous ont jamais racontée et que nous n’entretenons pas pour la postérité.
On nous parle sans cesse de Jesse Owen parce que l’Occident a besoin d’exemple éclatant pour humilier Adolf Hitler et l’Allemagne nazie. Car Hitler, ce n’est pas l’Occident ; c’est non seulement l’incarnation du racisme absolu, mais encore l’ennemi politique de l’Occident. L’Amérique par contre, si elle est une autre incarnation du racisme absolu, elle est une alliée politique. Cela change tout ! Aussi, un nègre qui humilie l’Allemagne nazie propagatrice de la suprématie aryenne peut être sans cesse loué , tandis qu’un nègre qui humilie l’Amérique, chantre de la suprématie blanche et de la ségrégation raciale, mérite de ne pas être mis en valeur mais doit au contraire demeurer dans l’ombre.
Vous connaissez l’Allemagne nazie humiliée par Jesse Owen ; voici l’Amérique raciste et ségrégationniste humiliée par Jack Johnson ! La victoire du nègre montre comment l’Amérique blanche et Jack Johnson ont vécu, chacun de son côté, l’événement.
En nous plongeant d’une part dans les actualités américaines et d’autre part dans la conscience du héros noir, Daniel Picouly nous permet de visiter les lois racistes américaines dans leurs caractères les plus perfides. Saviez-vous par exemple que jusqu’en 1960, un Blanc qui tuait un Noir ne commettait pas un crime condamnable ? Saviez-vous qu’un Noir qui passait d’un état à un autre accompagné d’une Blanche allait en prison parce qu’il pratiquait de manière évidente la traite des Blanches ? Voici, à travers un héros noir, l’Amérique d’hier qui nous fait comprendre celle d’aujourd’hui.
Raphaël ADJOBI
Titre : La victoire du nègre, 168 pages.
Auteur : Daniel Picouly
Editeur : Flammarion, 2017 ; collection Incipit.