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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël

17 mars 2017

Le travail et la colonisation selon le capital et le politique

                     Le travail et La colonisation

                       selon le capital et le politique

                                          (Réflexion)

tmpRAPHAëL JUIN 2013 0005

                Dans les discours des grands dirigeants d’entreprise comme dans ceux de nos hommes politiques, il y a une immuable cohérence dans leur vision du monde quand il est question du travail et de la colonisation. Et cette minorité s’arroge le droit incontesté d’imposer à la grande majorité des citoyens et même du reste de l’humanité sa manière de voir le réel qui n’est pourtant pas la vérité. En effet, le réel est souvent trompeur.

            Quand Madame Christine Lagarde clame « (qu’) on ne peut raisonnablement encourager le travail et prôner la taxe sur les grandes fortunes », elle laisse croire à tout le monde que ceux qui s’enrichissent sont ceux qui travaillent. Or, hier comme aujourd’hui, on a vu et on voit dans les entreprises des millions de personnes travailler et mourir éreintées sans jamais avoir connu la richesse. En clair, ceux qui travaillent pour le capital ou que le capital fait travailler ne sont pas ceux qui s’enrichissent. Ce sont ceux qui travaillent qui enrichissent le capital !

            Dans l’esprit des chefs d’entreprise, la notion de travail est intimement liée à l’argent et à son investissement. D’où chez eux l’usage courant de cette formule consacrée : « faire travailler son argent ». En d’autres termes, quand les riches et autres grandes fortunes parlent de travail – mis à part ceux qui ont été les initiateurs de leur société, donc les entreprises familiales – ils parlent de l’investissement financier ou de la rente à faire fructifier. C’est donc cette notion de travail que les chefs d’entreprise aussi bien que les hommes politiques manient à longueur de journée au point de laisser croire aux ouvriers et aux paysans qu’ils sont paresseux parce qu’ils ne parviennent jamais à amasser une grosse fortune. C’est cette valeur qu’ils confèrent à l’argent et à son investissement qui leur donne cette profonde conviction qu’ils sont les meilleurs dans le travail. Ce qui explique pourquoi le célèbre parfumeur Jean-Paul Guerlain s’est permis de dire, avec beaucoup d’arrogance, qu’il ne savait pas si les nègres ont beaucoup travaillé comme lui ; et cela en rappelant la formule « travailler comme un nègre » qui renvoie bien sûr à l’esclavage des Noirs. Il était clair pour lui comme pour tous ses pairs que son travail a été et est supérieur en intensité et donc en énergie dépensée par rapport à celui d’un esclave noir.

            Pour madame Christine Lagarde, monsieur Jean-Paul Guerlain et leurs amis politiques et financiers, l’idée de travail n’inclut pas la force humaine de l’esclave, de l’ouvrier, de l’employé. Et ils ont réussi à convaincre leurs compatriotes qu’ils sont riches parce qu'ils travaillent beaucoup et aussi que eux ne le sont pas parce qu'ils ne travaillent pas assez. C’est pourquoi cette catégorie de personnes peut nous lancer au visage : « il faut travailler plus pour gagner plus ! »

Les hommes politiques héritiers d'une conscience coloniale dépassée

            Puisqu'elle est convaincue que c’est le capital et son détenteur qui travaillent et non pas la main d’œuvre, on ne s’étonnera pas d’entendre cette élite héritière des idées des siècles de la suffisance absolue des nantis continuer à croire que l’esclavage des Noirs est un partage de culture et la colonisation des peuples lointains un bienfait pour l’humanité. En ce XXIe siècle où l’opinion publique nationale prône la fraternité et une meilleure égalité de traitement moral avec les autres peuples de la terre, voir cette élite politique et financière s’accrocher aux vestiges de la pensée aristocratique et bourgeoise du passé est tout à fait sidérant.

            Pour ces héritiers des temps anciens, les idées sont autant de patrimoines aussi immuables que les châteaux. Qualifier la colonisation de crime contre l’humanité passe chez eux pour un crime contre la conscience qu'ils ont de notre histoire coloniale et les pousse à exiger des excuses nationales. Combien ce fut rafraîchissant et réjouissant d’entendre un jeune homme politique à qui cette exigence a été faite adresser une cinglante mise au point à ces défenseurs de l’honneur du colonialisme français. Cet homme a officiellement et solennellement qualifié de dépassées les considérations de cette catégorie de personnes qui entretiennent la définition du colonialisme comme un moyen idéal de civilisation. Pour lui comme pour nous, notre époque de communication et d’échanges fraternelles ne peut se permettre de poursuivre l’affirmation de la supériorité d’une civilisation sur une autre et par voie de conséquence l’affirmation des bienfaits de la colonisation. Pourquoi donc nous érigerions-nous contre les pays qui, de nos jours, envahissent des territoires voisins ou lointains pour y installer leur loi si, nous Français, estimons que cette pratique apporte des bienfaits et mérite d’être enseignée et encouragée ?

            Nous pouvons croire que personne n’est prêt à accepter que soient enseignés parmi nous les bienfaits de la colonisation de la Gaule par les Romains. La Palestine et Israël enseignent-ils les bienfaits de l'occupation romaine ? Et nous, sommes-nous prêts à trouver des bienfaits à l’occupation de notre pays par les nazis et à les enseigner ? Pourquoi avons-nous combattu l’occupation et la tentative de colonisation de la France par les Allemands si nous voyons dans cette pratique des bienfaits ?

            Il est temps que certains cessent de s’accrocher à des idées révolues. Nous ne pouvons pas aujourd’hui continuer à voir l’autre avec les yeux du XVIIIe ou du XIXe siècle. La conception de l’autre par le peuple français a évolué parce que le regard que nous portons sur l’autre a changé. Aujourd’hui, nous avons le devoir de respecter davantage la différence de l’autre parce que notre connaissance de sa culture est beaucoup plus grande même si nous savons qu’elle sera toujours imparfaite.

Raphaël ADJOBI

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14 mars 2017

La police française ouvertement raciste : une enseignante dénonce !

      La Police française ouvertement raciste :

                        une enseignante dénonce !

Elise Boscherel

La lecture du récit que je vous présente ici ne peut que vous conduire à cette réflexion : ou les valeurs que nous enseignons dans nos établissements ne sont pas les mêmes enseignées dans les écoles de police de la République, ou le niveau de recrutement des policiers est trop faible pour qu'ils soient capables de gérer la morale publique. Pourquoi pas les deux ? (Raphaël adjobi)

De retour d’un voyage scolaire, des lycéens ont subi contrôles et fouilles des bagages à la Gare du Nord, en présence d'Elise, leur prof. Quand cette dernière a voulu porter plainte pour ces contrôles abusifs, des policiers de St-Denis ont refusé.

C’était mercredi 1er mars à 20h à la Gare du Nord. On rentrait avec mes élèves d’un séjour de deux jours à Bruxelles où nous étions invités pour découvrir les institutions européennes. C’était l’occasion de faire prendre de la hauteur à mes élèves. Malheureusement à notre retour à Paris, la réalité française a été brutale.

Arrivés à Gare du Nord, on se prépare à descendre. Chacun récupère ses bagages. Un premier groupe commence à descendre. Mon collègue et moi étions avec le reste de la classe qui s’apprêtait à descendre.

À ma grande stupeur, en arrivant sur le quai de la gare, je vois un de mes élèves, Ilyas, en train de se faire contrôler par la police. J’accours à côté de mon élève pour montrer au policier qu’il est accompagné. Je lui explique que nous étions en sortie scolaire et que je suis sa professeure. Le policier me dit : « Je m’en fiche vous reculez ».

Je dis à mon collègue de rassembler le reste des élèves dans le hall de la gare.

                   Un contrôle au faciès, un racisme quotidien

Le contrôle se termine. Ilyas récupère ses papiers. Agacé il me dit : « Ils me contrôlent parce que je suis maghrébin c’est du racisme ». Je ne pouvais qu’abonder dans son sens tellement la situation était surréaliste.

Une dame qui marchait à côté de nous et qui avait assisté à la scène lui dit « vous savez, je suis blanche, je passe très souvent à Gare du Nord et je ne me suis jamais fait contrôlée. Oui tu as raison c’est du racisme ».

On se remet doucement de nos émotions. Je pensais retrouver le reste de mes élèves pour enfin rentrer chez nous tranquillement. Et là j’assiste à un nouveau contrôle sur deux de mes élèves. Je n’en crois pas mes yeux.

Comme si ce n’était pas assez, deux autres élèves se font contrôler

L’un, Zackaria a sa valise au sol ouverte. L’autre Mamadou a un échange tendu avec les policiers. Mes élèves m’ont expliqué que Mamadou a été saisi par le bras sans raison, sorti du groupe par un des policiers et a été directement tutoyé.

Je demande des explications aux policiers. L’un d’eux, particulièrement désagréable et menaçant, me dit qu’il fallait être avec mes élèves si je voulais éviter qu’ils se fassent contrôler. Cela aurait était le cas si un de mes élèves n’était pas, justement, en train de se faire contrôler quelques minutes plus tôt.

Je contiens ma colère. Étant enceinte, je crains pour mon bébé. Les policiers étant particulièrement tendus, je sentais que la situation pouvait déraper. Le policier se permet une dernière humiliation à l’encontre de Mamadou après avoir passé un coup de fil : « Vous voyez je fais bien mon travail, votre élève a un casier judiciaire ».

Une situation qui aurait pu mal tourner avec des policiers menaçants

De quel droit ce policier se permet-il de divulguer cette information devant le reste de la classe ? Je signale au policier qu’il n’avait pas à dire ça devant tout le monde. A ce moment le policier s’avance vers moi, ma classe sentant que la situation était en train de glisser s’avance devant moi pour me protéger. Immédiatement j’ai demandé aux élèves de prendre leurs affaires et nous sommes partis.

Le lendemain, j’ai voulu porter plainte contre les policiers au commissariat de Saint-Denis. Le fonctionnaire de police a refusé de prendre ma plainte : « On ne prend pas les plaintes contre les fonctionnaires de police ».

Cette situation est dure à gérer en tant que professeure. On fait face à la colère des élèves et leur sentiment d’humiliation.

Ces contrôles sont sans nul doute liés à leur apparence physique : Ilyas est d’origine marocaine, Mamadou d’origine malienne et Zakaria d’origine comorienne. Ce sont de jeunes garçons qui vivent à Épinay-sur-Seine en Seine-Saint-Denis.

Ils représentent donc à eux seuls ce que l’on nomme communément « les jeunes de cité ». Quelles autres raisons pouvaient justifier ces vérifications ?

La réalité que vivent certains de mes élèves est bien différente de la mienne qui suis une professeure blanche, jamais contrôlée, jamais jugée, jamais discriminée en raison de la couleur de ma peau.

Ce n’est pas la première fois que je dois gérer ce genre de situation

Ce n’est pas la première fois qu’en tant qu’enseignante, je dois faire face à un contrôle d’identité ou à des comportements mal intentionnés de la part d’adultes dans les gares, dans le métro, dans le train, dans les musées.

Il y a deux ans, ça m’est arrivé avec une autre classe. Un élève nous attendait à Gare du Nord encore une fois. Quand on est arrivé il était en train de se faire contrôler par la police. En fait, il n’avait rien fait du tout. Il nous attendait simplement devant le portique.

Ils étaient 4 policiers à le contrôler. Ils ont continué de le contrôler et à le fouiller même lorsque nous sommes arrivés et que je leur ai expliqué que nous étions en sortie. Une fois le contrôle terminé, mon élève m’a dit que ça faisait la cinquième fois en deux jours qu’il était contrôlé.

Les valeurs de la République n’ont plus aucun sens pour ces jeunes

« Liberté, égalité, fraternité » leur apprend-on. Pas pour eux. Ces élèves que j’apprécie tant, ces « jeunes à casquette » que je vois encore comme des enfants, sont trop souvent maltraités, humiliés, malmenés par notre République.

Alors vous imaginez bien que les cours d’Education civique sonnent creux au regard de ces expériences. Sans nier la réalité de leur quotidien et du racisme dont ils sont victimes, je m’efforce de leur rappeler qu’ils vivent dans un Etat de droit et qu’ils peuvent être protégés.

Il est donc temps de dénoncer ces discriminations à chaque fois que nous y sommes confrontés. Ces contrôles ne doivent pas devenir une banalité.

C’est la raison pour laquelle j’appelle tous les personnels d’éducation à porter plainte, à chaque fois que nos élèves sont discriminés dans le cadre de sorties scolaires, auprès d’un commissariat étranger à l’affaire ou du procureur de la République, de l’IGPN et, en tout état de cause, auprès du Défenseur des Droits.

Je demande également à ce que soit organisée chaque année, dans les établissements scolaires, une journée de lutte contre le racisme et à ce que des associations de lutte contre les contrôles au faciès interviennent dans les classes. Nos élèves doivent pouvoir porter plainte, ils doivent pouvoir se défendre.

La violence n’est pas que policière. C’est la violence d’une société toute entière qui porte un regard beaucoup trop accusateur sur eux. Cette jeunesse ne demande pourtant qu’à être respectée et considérée.

Parce que l’école est leur dernière protection, je vous propose de relayer cet appel !

Elise Boscherel (Photo)

Professeure au lycée professionnel Louis Michel d'Epinay-sur-Seine (93)

Propos recueillis par Aladine Zaïane (Streetvox)

3 mars 2017

Le grand combat (Ta-Nehisi Coates)

                                               Le grand combat

                                                    (Ta-Nehisi Coates)

Le grand combat 0001

            Raconter son histoire, surtout quand on ne s'attache pas à des rêveries et à des amours pour arrêter une leçon ou une philosophie quelconque destinée au monde, permet à ceux qui vous écoutent ou qui vous lisent de découvrir une période de la vie de la société dans laquelle vous vivez. C'est le cas avec cette œuvre autobiographique de Ta-Nahisi Coates, écrite en 2008, qui témoigne de la volonté de certaines familles noires de se construire une identité africaine-américaine par l’éducation et l’instruction dans une Amérique qui se cannibalisait.

            Durant les siècles de l’esclavage, parce que les enfants étaient vendus à 8 ou 9 ans, rarement les Noirs ont pu former des cellules familiales et encore moins des mouvements sociaux d'envergure. Enfin solidaires dans leur combat contre la suprématie de la mélanine blanche aux heures sombres de la ségrégation, voilà que dans les années 80 « l’absence d’ennemi précis transformait la plupart des gamins en barbares ». C’était une époque où « la chaude-pisse était le must […]. Les frangines fessues rendaient les mecs cinglés. […] Les grossesses adolescentes faisaient rage. Les maris étaient aux abonnés absents. Les pères des fantômes [alors que] le déferlement d’armes à feu bouleversait l’ordre naturel [à tel point que] si vous aviez le malheur de marcher sur une Puma en daim, c’était le jihad ».

            Et c’est à Baltimore, le microcosme de cette Amérique noire libérée de sa dernière infamie mais livrée à elle-même, c’est « en ces temps d’indignité chronique [où] les pères se vantaient d’abandonner leurs gosses » que celui de l’auteur – un ancien militant des Blacks Panthers – a juré de guider ses sept enfants à bon port. Pour son épouse et lui, non seulement les études revêtaient une très grande importance – « ils étaient allés assez loin pour voir ce qui était possible et ce à quoi ils n'avaient pas eu accès » – mais encore transmettre à leurs enfants la conscience de leur origine africaine et les exigences que cela impose faisait d'eux de vrais missionnaires. En effet, en « despote éclairé », le père organisait le temps libre de ses enfants autour des figures illustres du panafricanisme parce qu’il s’était voué à réhabiliter l’Histoire noire. 

            Si l'éducation est le fil conducteur de ce livre, tout le récit s'articule autour de trois portraits essentiels. Outre celui du père – que le lecteur découvre « voué à la paternité comme un pasteur dépravé à la prêtrise » – nous avons bien sûr celui de l'auteur lui-même et surtout celui, très passionnant, de son frère aîné Big Bill. Ce dernier qui « se voyait uniquement dans le rôle du sportif ou de rappeur » n'accordait aucune importance à ses capacités intellectuelles et encore moins au projet de « conscientisation » du peuple du père. Et comme entre six et quatorze ans l’auteur admirait ce frère aîné, on imagine bien que faire de ces enfants des « Hommes Conscients » sera pour les parents une entreprise laborieuse !

            Le grand combat est donc l'histoire d'une éducation à marche forcée pour ne pas sombrer dans la déchéance ambiante  ou pour ne pas voir sa vie happée par une balle. Un combat qui fait du livre, et donc du savoir, une arme : «une balle [peut] éliminer un ennemi, une grenade en tuer quelques-uns, en revanche, la machine à polycopier [= l'imprimerie donc le livre] peut toucher le cœur et l'esprit de milliers d'entre eux, et faire naître encore plus d'alliés». Belle note d'espoir !     

Raphaël ADJOBI

Auteur : Ta-Nehisi Coates

Tire : Le grand combat, 265 pages

Editeur : Autrement Littérature, 2017 (édit. originale 2008)

26 février 2017

Le plagiat puis la falsification de "La chasse au nègre de Félix Martin"

  Des excuses écrites ont été officiellement présentées par Madame. 

                                L'article est donc supprimé.

                          MERCI A TOUS POUR VOTRE SOUTIEN

Cayyyy

 


 

 

22 février 2017

Les Français noirs dans l'océan Indien (Une conférence de La France noire)

            Les Français noirs dans l'océan Indien

       (Une conférence de Luis-Nourredine PITA pour La France noire)

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            Le mardi 21 février 2016 à 18h30, une conférence ayant pour thème "Les Français noirs dans l'océan Indien"  a rassemblé un peu plus d'une quarantaine de personnes à la Halle aux grains de Joigny. Le conférencier, Luis-Nourredine Pita,  était arrivé de Murcie, en Espagne, pour la circonstance.

            Jovinien de naissance, Luis-Nourredine PITA - vice-président de La France noire - a fait une très grande partie de sa carrière d'enseignant à La Réunion. Conseiller pédagogique pour l'éducation nationale, il a sillonné les archipels de l'océan Indien - les Seychelles, les Comores et les Mascareignes (La Réunion, Maurice et Rodrigues) - ainsi que l'Afrique du Sud, le Mozambique et la Tanzanie.

            Le conférencier a d'abord replacé l'histoire de ces archipels dans les luttes de possession et d'influence des puissances européennes ; principalement anglaises et françaises. Il a ensuite insisté sur l'évolution du statut des populations de cette région qui sont certainement les plus métissées au monde parce qu'elles sont l'émanation de trois influences : africaine, indienne et chinoise.

            En effet, si ces populations n'ont pas connu la traite négrière vers les Amériques, elles ont connu le statut d'esclave* et, après les abolitions, celui d'indigène appliqué à toutes les colonies françaises. Le code de l'indigénat faisait des "nouveaux citoyens" français une catégorie à part vouée au rôle de sujet. L'indigène ou le sujet français devait par son travail mériter l'accès au titre de citoyen exclusivement réservé à la population de la métropole.

            Le conférencier a ensuite abordé la question de l'indépendance des Comores en juillet 1975 après le référendum de 1974. Détaché de Madagascar depuis 1946 avec le statut de Territoire d'outre-mer (Tom), la France va profiter du référendum de 1974 pour amputer cet archipel d'une de ses quatre îles : Mayotte. Si la consultation a montré que l'ensemble de l'archipel des Comores a voté à plus de 96% pour l'indépendance, les voix de Mayotte comptabilisées séparément étaient favorables pour le maintien dans le giron de la France. On pense que c'est la marine Française qui a poussé l'Elysée à annexer purement et simplement Mayotte en se fondant sur son vote favorable à la France. Situation stratégique dans la région oblige ! Depuis, un conflit politique oppose le gouvernement comorien et les autorités françaises. L'Assemblée générale des Nations-Unis - par plus de vingt résolutions - ainsi que l'Union Africaine condamnent cette partition des Comores faite par la France.

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            Il apparaît aujourd'hui que l'île de Mayotte se trouve sur une voie d'acculturation accélérée, une marche forcée vers les lois de la République française. L'autorité des juges musulmans qui géraient les conflits sociaux n'est plus reconnue. Non seulement les liens de parenté avec les populations des îles sœurs de Comores et particulièrement avec celles d'Anjouan sont niés par la France, mais les populations sont contraintes d'aligner leur nom et prénom (souvent à rallonge) sur le modèle français. Les traditionnelles relations commerciales avec l'Afrique, Madagascar, et les autres îles des Comores subissent désormais des taxes afin d'obliger Mayotte à ne commercer qu'avec la France et plus largement avec la communauté européenne.

            Le public de la Halle aux grains de Joigny a été très sensible au drame humain que pose la séparation administrative et juridique de Mayotte de ses îles sœurs des Comores. Une séquence d'environ 10 minutes du documentaire "Mayotte, où va la République"* a été projetée pour illustrer ce drame humain que le pouvoir métropolitain couvre de son silence. Au XIXe siècle, le partage de l'Afrique entre les grandes puissances européennes avait séparé des familles, des villages, des royaumes et causé des traumatismes qui agitent encore ce continent. Nous pensions que cette erreur ne se reproduirait plus. Eh bien, nous avions tort. L'histoire se répète à Mayotte.

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            Monsieur Bernard Moraine, maire de Joigny, ainsi que Madame Françoise Roure, conseillère départementale, nous ont fait le plaisir d'honorer de leur présence cette première conférence de La France noire. Nous avons été également sensibles à la présence de Madame Célia Davaine, directrice du collège Saint-Jacques, ainsi que celle de Madame Blandine Vassaux, directrice de l'école Sainte-Thérèse, de Monsieur Claude Josselin, Adjoint au maire chargé des associations patriotiques.

Le président de La France noire   

             Raphaël ADJOBI

* L'affaire de l'esclave Furcy, Mohammed Aïssaoui, édit. Gallimard

* Un film de Frédéric Lambolez et Jean-Marie Pernelle, Enquête prod. août 2008       

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12 février 2017

Trop noire pour le RITZ (par Raphaël ADJOBI)

                Trop noire pour le RITZ

                                        (par Raphaël ADJOBI)

            En juin 2016, le  RITZ Paris, cet Hôtel-restaurant de grand luxe, a ouvert à nouveau ses portes après plusieurs années de fermeture pour travaux. Au moment de la reprise des services, des formations qualifiantes ont été proposées aux employés avec à la clef une cérémonie de remise de diplôme. On comptait alors 46 récipiendaires dont 33 valets et femmes de chambre et 13 gouvernants et gouvernantes.

            Sur la photo des heureux élus, une chose attire immédiatement l'attention : dans cette France où il y a une foule innombrable de femmes de chambre à la peau basanée dans les Hôtels - au point de laisser croire qu'elles sont naturellement destinées à ce métier - on ne compte aucun représentant de cette catégorie de personnes. En clair, même dans les tâches subalternes, quand on monte dans les lieux de luxe on préfère présenter des têtes blanches plutôt que noires.

Raphaël ADJOBI     

5 février 2017

Le village des esclaves insoumis ou comment les esclaves obtenaient leur liberté avant les abolitions (Raphaël ADJOBI)

       "Le village des esclaves insoumis"

           ou comment les esclaves obtenaient leur liberté

                                   avant les abolitions

                                        (par raphaël ADJOBI)

Le grand marais lugubre

Le 3 février 2017, J'avais commencé cet article pour l'exposition de l'association La France noire, après la lecture d'une grande partie du livre de l'historienne Aline Helg (Plus jamais esclaves, Editions la Découverte, 2016). Le lendemain, le 4 février, la chaîne de télévision ARTE publie un documentaire (Le village des esclaves insoumis) confirmant ma découverte sur Internet des villages sur pilotis en Afrique pour échapper aux négriers ; découverte confirmée par ma lecture du livre d'Aline Helg qui assure que cette pratique était poursuivie par les esclaves noirs dans les Amériques. La diffusion du documentaire de ARTE, qui anticipe mon projet en montrant des villages d'esclaves fugitifs dans un immense territoire marécageux aux Etats-unis, m'oblige à publier une partie de mon travail destiné à l'exposition de La France noire prévue pour le 10 mai 2017 à Joigny (89300 Yonne).

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Les manuels scolaires nous parlent toujours des abolitions de l'esclavage ; en d'autres termes, il y est toujours question des dates officielles auxquelles les esclaves ont recouvré leur liberté dans les Amériques et les îles des Caraïbes. Pourtant, dans de nombreuses colonies des royaumes européens d'alors, des milliers, sinon des millions d'esclaves ont obtenu, à travers les siècles, leur liberté par des moyens très divers :

Le marronnage (la fuite) : Fuir - en Afrique pour échapper aux négriers - est devenu "marronner" dans les Amériques pour échapper aux mauvais traitements ou aux dures conditions de travail. Le marronnage était certes une voie risquée mais possible vers la liberté. Et ce sera de loin la stratégie la plus utilisée pour échapper, à court ou à long terme, à une condition jugée intolérable et qui ne laisse pas espérer de changement. Au fur et à mesure que la colonisation progressait le long des côtes continentales et sur les îles des Caraïbes, les Africains débarqués dans les ports ne perdaient pas leur espoir de fuite et de liberté. Ils cherchèrent à s'enfuir dans les montagnes, les forêts et les zones marécageuses.

1. Le petit marronnage : il ne dure souvent qu'une nuit ou quelques jours, le temps pour l'esclave de rendre visite à un parent (les enfants étaient séparés de leurs parents à 8 ou 9 ans) ou d'échapper à quelques travaux pour se reposer. Le petit marronnage est souvent sévèrement puni, quelques rares fois toléré par certains maîtres.

2. Le grand marronnage : C'est un vrai projet d'échapper à l'esclavage que le fugitif met à exécution. Il peut être individuel ou collectif. C'est ainsi que de nombreuses sociétés de Noirs libres se sont formées plus ou moins loin des plantations des Blancs. Il arrivait que les troupes coloniales soient lancées contre eux ; ceux qui étaient capturés étaient exécutés de façon cruelle pour servir d'exemple ou flagellés sur la place publique.

"Le grand marronnage fut largement utilisé par les esclaves pour contester leur asservissement et affirmer leur liberté. Pour s'en rendre compte aujourd'hui, il suffit d'examiner attentivement la carte ethnique des Amériques en ce début du XXIe siècle : elle est marquée par l'existence de communautés, voire de sociétés, dont les ancêtres furent des groupes d'Africains qui, entre les XVIe et XIXe siècles, s'enfuirent et parvinrent à s'établir durablement, parfois en se mêlant aux Amérindiens non colonisés dans les vastes frontières des Amériques au cours des vagues successives de la traite négrière. Situées dans les régions frontières d'accès longtemps difficile, ces communautés marronnes mirent en place un système de troc et de défense grâce auquel elles parvinrent à subsister. [...] si nulle part le marronnage ne put mettre fin à l'institution de l'esclavage, il l'a considérablement affaiblie. [...] Certaines de ces communautés furent reconnues comme autonomes et leurs esclaves fugitifs déclarés libres par les autorités coloniales esclavagistes incapables de les soumettre, ce qui représentait une énorme victoire contre l'esclavage" (Aline Helg, Plus jamais esclaves, éditions La Découverte, 2016, p.65-66).

° Accès au documentaire d'ARTE

° 2è image : le village de Ganvié au Bénin.

Raphaël ADJOBI

1 février 2017

Tropique de la violence (Nathacha Appanah)

                                Tropique de la violence

                                                 (Nathacha Appanah)

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            Mayotte, est-ce la France ? En lisant ce roman, tout lecteur a lieu de croire qu’il découvre les us et coutumes  d’un autre monde plutôt que ceux d’un territoire que la France a fait sien depuis 1974. Ce roman aurait pu s’intituler La nausée, tant les images font remonter dans le cœur du lecteur des sentiments écœurants.

Avec Tropique de la violence, Nathacha Appanah nous introduit au centre de la brûlante manifestation des dégâts que la France a causés par l’institution de frontières et de visas au sein d’un ensemble géographique, culturel, linguistique et religieux vieux de plusieurs siècles : l'archipel des Comores dont Mayotte n’est qu’une pièce. Cela rappelle le partage de l’Afrique entre les Européens au XIXe siècle sans aucune considération des liens familiaux, des communautés villageoises ou des royaumes existants.          

            Tropique de la violence se présente en grande partie comme un documentaire ou un travail de "micro trottoir" - micro tendu à des inconnus pour recueillir leurs témoignages sur un événement. Mais l'ensemble est emmené par une belle histoire d'amour qui lui confère un charme captivant. C'est l’histoire d’une adoption ratée qui entraîne un adolescent dans une descente aux enfers dévoilant au lecteur les cruelles réalités de l’île. Ne serait-ce pas l’adoption ratée de Mayotte par la France ? Cela en a tout l’air. Car au-delà de la belle histoire d'amour qui vole en éclats, ce qui retient l'attention c'est la critique sans concession d’une politique nationale construite autour des ONG avec « des sages-femmes, des infirmiers, de jeunes entrepreneurs, des instituteurs, tous des jeunes [...], tous blancs […], des théories plein la bouche et pas une once de courage dans les mains. Refaire le monde en faisant griller du poulet sur les plages, aller danser en boîte, tirer un coup vite fait, prendre des bains de minuit, se réveiller à midi au son du muezzin, aller plonger dans le plus beau lagon du monde, profiter au maximun en sachant qu’ici n’est qu’un passage dans [leurs] carrières. Bientôt, dans un an, deux ans, trois au grand maximun, [ils] rentreraient les poches enflées de [leurs] primes, les mains toujours dans le dos et la bouche toujours remplie de grandes théories » !

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            Voilà la face visible de Mayotte pour les Français de l'hexagone ou de la métropole. Quant à la face cachée de cette île que la France tente désespérément d'isoler du reste de ses sœurs de l'archipel contre l’avis de l’ONU et de l’UA (Union Africaine), c’est son statut du plus grand cimetière marin de l’Océan indien, où l’on ramasse régulièrement des nourrissons sur les plages sans que cela fasse la Une des journaux. Tout cela fait de Tropique de la violence un récit d’une force extraordinaire qui fait osciller le lecteur entre l’espoir d'une vie meilleure et la peur obsédante de la mort. Caribou Mayotte ! (Bienvenue à Mayotte !).

Raphaël ADJOBI

Titre : Tropique de la violence, 175 pages

Auteur : Nathacha Appanah

Editeur : Gallimard, 2016

27 janvier 2017

Les ONG complices des dégâts écologiques et humains en Afrique et dans les pays non industrialisés

         Les ONG complices des dégâts écologiques et humains

                   en Afrique et dans les pays non industrialisés

ONG en action

            Tous les Français ont certainement remarqué que sur nos murs, ainsi que dans les publicités, l’image qui symbolise le mieux la pauvreté et la misère humaine est celle de l’homme, de la femme ou de l’enfant noir. Aussi, dans notre imaginaire collectif, tout Noir est pauvre et cherche en terre de France un refuge pour se relever de sa misère africaine ; même si ce Noir n’a jamais connu l’Afrique. « Un riche en Afrique est un pauvre en France », assurait avec beaucoup d’arrogance un animateur de radio de la fin des années 1970.

            Ce discours officiel – qui a peu à peu nourri le discours ambiant s’entendant jusque dans les coins les plus reculés de France où l’on n’a jamais vu un Noir posséder un logis – a donc fini par nous conforter dans l’idée que nous sommes riches et que par conséquent nous devons aider les « pauvres » Africains.

            Peut-on en toute logique s’élever contre une telle invitation, fruit du sentiment de solidarité ancré dans le cœur humain ? Il faut assurément avoir un cœur de pierre pour trouver à redire à une telle manifestation de l’amour de l’autre. C'est pourquoi, convaincue de l’approbation unanime, l’ONG Terre solidaire fait passer sur les ondes des radios une publicité rythmée par trois bruits caractéristiques suivis chacun par un discours explicatif pour nous amener à agir.  

            - Au bruit d’une bêche sur une terre aride, suivent ces paroles : « là, c’est Fatou (prénom féminin africain) qui bêche le seul lopin de terre qui lui reste après avoir été expulsée par une multinationale ».

            - Au bruit d’une tronçonneuse, on entend : « Là, c’est la tronçonneuse d’une multinationale qui…. » exploite la terre que Fatou a été contrainte de fuir. 

            - Au bruit d’un stylo grattant  nerveusement sur un papier, on entend : « Là, c’est mon stylo rédigeant un chèque….. ». Chèque bien sûr destiné à soutenir l’ONG Terre solidaire qui s’est fixé pour objectif d’aider Fatou à mieux vivre.

        La logique des ONG : vous faire payer les dégâts des multinationales

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            Je voudrais cependant rappeler aux cœurs généreux, à tous ceux qui ont le sentiment que nous devons aider les Africains, qu'il importe de prendre le temps d’analyser la logique qui structure les faits qui ont produit ce discours.

            Quelle est la logique des faits ? Vous avez d’un côté une ONG qui vous demande de l’aider à aider une femme privée de son bien, chassée de ses terres fertiles par une multinationale et obligée de labourer une terre ingrate pour y chercher une pitance incertaine ; de l’autre, la multinationale en train d’exploiter la forêt de laquelle a été chassée la femme. Ces faits, ce sont ceux pour lesquels des milliers de chèques sont signés en France. Maintenant, permettez-moi de vous poser cette question : quel devrait être votre vrai combat, le combat le plus naturel qui s’impose à vous ? Devez-vous continuer à signer des chèques pour exprimer votre générosité à l’égard d’une femme devenue pauvre parce que privée de son bien ou arrêter la main de l’usurpateur par une action énergique ?

            Pour vous aider à répondre à cette question, pour vous aider à comprendre qu’une action plus efficace que l’expression de la générosité par la rédaction d’un chèque est possible, préférable et plus raisonnable, je vous renvoie à l’histoire récente du combat d’une communauté indienne des Etats-Unis. Une réserve, où les Indiens ont été cantonnés depuis plus d'un siècle par la soi-disant générosité de l’Etat fédéral américain, était menacée par le passage d’un pipe-line appelé « le serpent noir » dans le langage imagé local. Les autorités américaines fermaient les yeux estimant le conflit d’ordre privé. Une journaliste alertée par la détermination d’une femme indienne à défendre les terres de ses ancêtres a porté l’affaire sur la place publique. Le soutien des artistes américains à la cause de cette réserve a fait le reste : le projet a été arrêté et des excuses publiques présentées à la communauté indienne lors d’une cérémonie dans la réserve (1).

            Cette histoire nous apprend que c’est la main criminelle qu’il faut arrêter ! Elle nous montre qu’il convient de réagir contre la volonté prédatrice des multinationales plutôt que d’attendre de réparer les dégâts qu’elles ont causés.

            Pour revenir à la publicité évoquée plus haut, disons de façon claire que tous les Français qui ont le sentiment d’être généreux en aidant une femme africaine paient en réalité les dégâts de la rapacité de leurs entreprises travaillant sous les Tropiques. Ceux qui font des chèques aux ONG pensant accomplir une bonne action sont en fait des naïfs que les multinationales abusent allègrement. Les  financiers de ces multinationales font une bonne affaire en créant des ONG chargées de récolter l’argent du contribuable français ou européen pour payer leurs crimes en Afrique et dans d’autres contrées du monde. Voilà la vérité que vous devez tous retenir !

                                         Des preuves à la pelle

            Vers la fin de l’année 2016, un chef nigérian a quitté la région qu’il administrait moralement et s’est rendu en Angleterre pour porter plainte contre la société anglaise exploitante du pétrole nigérian parce qu'elle polluait ses terres. Combien d’ONG européennes avaient auparavant alerté les autorités locales et anglaises des dégâts qui se commettaient ? Aucune ! Combien ont soutenu ce chef nigérian dans son combat ? Aucune ! Quand, quelques années auparavant, des populations du Ghana se sont rendues en Angleterre pour alerter les autorités de la pollution de leurs terres par une de leurs entreprises, combien d’ONG européennes ont soutenu ce combat ? Aucune ! Durant de nombreuses années, la société suisse Nestlé a vendu au Cameroun et aux autres pays francophones du lait composé uniquement de matière végétale qu'elle faisait passer pour du lait de vache sans être dénoncée par les ONG. Quand une entreprise camerounaise a porté plainte contre Nestlé, quelle ONG l'a-t-elle soutenue ? Aucune ! Et les terres polluées par l'usine Nestlé dans ce pays d'Afrique, qui s'en soucie ? Personne en France ou en Europe ! Toujours au Cameroun, qui se soucie des droits des pygmées Baka chassés de leurs forêts ancestrales pour laisser place aux safaris de chasse à l'éléphant qu'organisent là-bas les grandes familles européennes comme les Rothschild ? Personne en France ou en Europe !

Les Européens et la mort de l'Afrique

            Tous ces maux causés par les Européens ne rencontrent que le silence des citoyens de cette partie du monde. Les ONG moralisatrices sont incapables d’attaquer les personnes et les entreprises expertes dans le pillage des objets d’art qui nourrissent les musées, ni celles qui pillent les ressources minières polluant en même temps les sols et privant les populations d’eau potable et de terres cultivables. Pourtant, toutes les ONG européennes s’invitent régulièrement dans les débats électoraux africains, fournissent des informations aux gouvernants européens pour leur permettre de prendre des sanctions contre les élus qui ne respectent pas les règles occidentales. Pourtant, ces associations ou ONG attaquent sans cesse devant les tribunaux européens des autorités africaines qu’elles accusent de posséder en Europe des biens mal acquis ; en d’autres termes des biens achetés avec l’argent des contribuables africains. Pourtant, il est avéré que les ONG ont servi de point d'appui pour défaire les gouvernements de l'Europe de l'Est (anciens satellites de Moscou) et du Maghreb qui n'étaient pas favorables aux financiers occidentaux, tel George Soros.

            Ces accusations contre les autorités africaines mises à part, que faisons-nous avec nos ONG dans les pays non industrialisés sinon ce que nous faisons dans nos banlieues ou nos îles lointaines : mettre en place des jardins potager, proposer des jeux de société, un local pour écouter de la musique, organiser des séances de cinéma ou de vaccination, donner des cours d’alphabétisation… des activités ludiques et éducatives sensées aider les jeunes à sortir de leur « ennui » et les plus âgés à ne pas se sentir seuls au monde. Croyons-nous vraiment que c’est avec nos bénévoles, « ces jeunes, les théories plein la bouche et pas une once de courage dans la main » (Natacha Appanah, Tropique de la violence, édit. Gallimard) que nos ONG vont sortir les "damnés de la terre" de la misère ? Croyons-nous qu’en vaccinant quelques personnes, en partageant leur quotidien, leur musique, en plantant quelques arbres avec eux, cela suffit à leur faire oublier la misère, la crasse, la pollution ou les expropriations de leurs terres ? Non ! Comme le dit si bien un personnage du roman de Natacha Appanah « il n’y a pas de séance de cinéma ou de match de foot qui pourrait égaler le fait de posséder quelque chose, un objet qui ne soit rien qu’à soi » !

            Retenons donc que c’est le droit de posséder quelque chose qui lui est propre que revendique chaque individu, chaque peuple de la terre ! C’est parce que la communauté indienne des Etats-Unis d’Amérique ne voulait pas être privée de son bien et ne pas se retrouver dans le besoin d’être assistée ou de migrer vers d’autres contrées pour quémander la générosité des ONG qu’elle s’est battue avec le soutien des artistes de ce pays. N’attendons donc pas d’aider les expropriés et les immigrés. Empêchons les pays industrialisés de causer des dégâts sur leurs territoires, des dégâts sur leur mode de vie.

            Les ONG, ces Organisations dites non-gouvernementales, sont en réalité des structures créées et financées par les Etats, les multimillionnaires ou milliardaires et les dons des particuliers pour jouer le rôle qui était celui des missionnaires à l'époque de la colonisation des pays tropicaux. Elles accompagnent les prédateurs pour consoler la veuve et l'orphelin et les encourager à se contenter de ce qui leur reste tout en jouant l'espion au service des Etats qui les ont missionnées. Quant aux bénévoles européens, le seul bénéfice de leur engagement avec les ONG, c’est de faire une fois dans leur vie « l’expérience de la misère », c’est-à-dire se frotter aux plus pauvres pour se sentir utiles et savoir que la vie mérite d’être vécue. Quant aux populations africaines et de l'Océan indien prioritairement concernées par les actions des jeunes Européens bénévoles, elles ne cessent de se demander le but que poursuivent ces ONG chez elles.

(1) : Il semble que le nouveau président américain compte relancer le projet de pipe-line.                        

Raphaël ADJOBI

24 janvier 2017

Les voeux 2017 de La France noire à ses adhérents, amis et sympathisants

      Les vœux 2017 de la France noire

                        à ses adhérents, amis et sympathisants

La France noire 0001

            Le bureau et le Conseil d'administration de la France noire vous souhaitent une Bonne Année 2017 pleine de joie et d'heureux moments en famille ainsi qu'avec ceux qui vous sont chers. La France noire vous remercie particulièrement pour l'intérêt que chacun de vous porte aux projets pédagogiques qu'elle propose pour la construction d'une plus grande fraternité en France. "Mieux connaître l'autre pour respecter sa différence" est sa devise.

             Cette devise a été portée à la connaissance du public lors du pot de présentation des vœux 2017 de l'association à la salle des fêtes de La Halle aux grains de Joigny. Des Français noirs et blancs partageant la même conviction - faire connaître la contribution des Noirs à l'histoire de France - ont levé leur verre autour de la traditionnelle galette des rois. Des retrouvailles pilotées du début à la fin par Françoise PARRY, Secrétaire et Trésorière de La France noire.

La France noire - Conférence

Un rappel de la suite des activités de l'association a été fait : le 21 février, une conférence sur Les Français noirs dans l'Océan indien sera donnée à La Halle aux grains de Joigny par M. Luis-Nourredine PITA, docteur en philosophie politique ; le 10 mai, en collaboration avec la mairie de Joigny, sera organisée la deuxième commémoration de l'abolition de l'esclavage dans cette ville. Une magnifique chorale gospel accompagnera de ses chants cette cérémonie.

Amitiés à tous

Le président : Raphaël ADJOBI

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