Un été en Espagne
ou les beautés du nord de la Catalogne
Les vacances ne sont pas toujours faites pour se reposer. Je dirais même rarement. Mais la fatigue qu'elles engendrent doit être prise pour de la "bonne fatigue" ; c'est-à-dire une fatigue forcément associée aux plaisirs. Je voudrais ici partager avec vous les plaisirs de mes récentes vacances et les observations que j'ai faites durant les différentes visites. Mon reportage s'organise en deux parties, parce que mes escales ont autant retenu mon attention que ma destination finale.
A - Sur la route de l'Espagne, les petits coins de France
Puy-en-Vellay : Partis de Dijon le 13 juillet au matin, nous avions prévu une escale de deux nuits à Marvejols. Comme notre arrivée était arrêtée pour 19 h et que nous avions du temps à perdre, nous nous sommes arrêtés à Puy-en-Vellay. Une belle cité aux constructions en pierres d'un gris-clair magnifique ! L'église, construite au sommet d'une montagne aux pentes extrêmement raides mérite le détour. Quant au centre-ville, il retient l'attention par les couleurs différentes qui délimitent chacune des maisons des immeubles anciens. Une ville belle et très agréable mais où les automobilistes ne sont guère sympathiques.
Marvejols, Les Gorges du Tarn et Sainte-Enimie : Après la première nuit à Marvejols, le lendemain après-midi, nos amis nous ont emmenés visiter Les Gorges du Tarn. Combien de fois j'ai entendu vanter la beauté de ces lieux ? Eh bien, cette renommée n'est absolument pas usurpée ! Des vallées profondes et vertigineuses devant lesquelles l'être humain se sent petit, presqu'insignifiant ! Il faut presque regarder son voisin pour avoir conscience d'exister. On ne peut s'empêcher de penser à ceux qui vivaient ça et là, dans ces vallées, loin de tout, sans les moyens modernes de communication. Il fallait assurément plusieurs jours de marche pour aller d'un village à l'autre. L'autarcie était, de toute évidence, le mode de vie qui s'imposait à tous. Oui, assurément, l'homme est capable de s'adapter à toutes les formes de la nature !
Nous descendons ensuite dans la vallée pour découvrir Sainte-Enimie. De tous côtés, la montagne semblait un rempart à un jet de pierre et le ciel un simple morceau de drap bleu tendu au-dessus de nous. Le cadre est tout simplement impressionnant ! Sainte-Enimie est aussi le nom de la belle église - très dépouillée - du village, le nom d'une princesse mérovingienne, soeur du Roi Dagobert (vous savez, celui qui a mis sa culotte à l'envers !) miraculeusement guérie de la lèpre en ce lieu à la fontaine de Burle. Reconnaissante à Dieu, elle avait fondé là un monastère. Les touristes se bousculent dans la partie basse du village où coule une rivière qui fait la joie des kayakistes.
Collioure fait son cinéma : Le 15 juillet à 11 h, nous reprenons notre route à destination de l'Espagne. Nous nous arrêtons environ une heure à Collioure. Je ne sais plus quelle chanson a popularisé le nom de ce village tant aimé des artistes peintres. Mais quelle déception ! La minuscule plage surpeuplée donne l'impression d'être aux abords d'une foire. Quant au village, il semble que tout à été fait pour séduire l'oeil et non point le coeur. Une propreté de décor de cinéma qui vous fait croire que vous êtes sur le tournage d'un film. Ici, tout est dans l'artifice. Collioure ne mérite pas qu'on s'y attarde !
B - Les beautés du Nord de la Catalogne
La Catalogne et sa Costa Brava : Le 15 juillet à 17 h, nous arrivons enfin à destination à El Port de la Selva, voisine de Llança, située à une vingtaine de kilomètres de Figueras. C'est là que durant notre séjour fait de baignades et de visites des environs, matin, midi et soir, nous avons pris nos repas sur une grande terrasse avec vue sur la mer ! Rien que d'écrire cela me permet de revivre le bonheur d'y avoir été.
Llança : Entre El Port de la Selva et Llança, la dernière est la plus grande. C'est là où se trouvent les grands commerces alors que la première n'abrite que des épiceries. Llançaa su se moderniser de la plus belle des manières : la principale rue qui va du port à la vieille ville est désormais plus large grâce à une piste cyclable et une piste piétonnière. Bravo ! Le port est plus joli avec ses belles terrasses. La plage a été repoussée et les baigneurs ne déboulent plus dans les pieds des promeneurs.
El Port de la Selva : Désormais, on peut aller de Llança à El port de la Selva (Photo ci-dessus / environ 8 km) à pied ou à vélo sans côtoyer les automobilistes. Bravo ! Une piste longe toute la côte et constitue une limite entre les nombreuses criques et les habitations. Avant de venir se désaltérer sur l'une des cinq ou six terrasses du bord de mer, il faut pénétrer dans les ruelles de la ville construite en escalier sur le flanc de la montagne. Des maisons blanches aux fenêtres bleues ou vertes ; des rues propres et silencieuses parce que souvent vides. Forcément, les après-midis, ou les gens font la sieste ou il sont à la plage. Ici, on a évité les grands ensembles d'habitations. Pas d'immeuble de plusieurs étages ! L'esprit "village" est préservé. Bravo !
Sant Pere de Rodes : On ne peut pas séjourner dans la région sans visiter ce monastère bénédictin construit sur l'un des sommets de El Port de la
Selva. Attention, "ça grimpe sec" ! En moins de dix minutes, vous allez vous trouver à 600 m d'altitude ! En zigzaguant, bien sûr ! Lors de ma première visite, - il y a une dizaine d'années - c'était une ruine que l'on tentait de restaurer. Aujourd'hui, c'est un joyau qui séduit tous les visiteurs. Une restauration très réussie qui n'a pas cherché à laisser croire que le neuf est de l'ancien ! Elle a surtout privilégié l'harmonie.
Figueras : L'entrée de la ville est désormais très belle. Une très belle avenue traverse deux allées d'arbres. De chaque côté de cette avenue, deux pistes piétonnières. Bravo ! Sur la gauche, un long parking - non encore bitumé - invite l'automobiliste à préférer ne pas entrer en ville avec sa voiture. Le centre-ville et le marché sont à environ dix minutes de marche. Une bonne partie du centre-ville est désormais faite de rues piétonnières magnifiques avec de jolis vitrines de magasin et des restaurants en plein air. On peut désormais se promener dans le centre de Figueras en levant la tête. Bravo ! L'entrée du musée Dali est excessivement chère ; près de 15 euros ! Longue file d'attente (photo) et foule à l'intérieur à prévoir.
Cadaqués : Dès l'entrée de la ville, laissez votre voiture dans l'un des parking payants. Marchez et découvrez les beautés de cette ville : elles résident dans les maisons blanches et dans les rues pavées de pierres non travaillées. Tout ici respire le calme d'un village. Par contre, le port est quelconque même s'il est très spacieux et permet de se promener sans être bousculé.
conclusion : Je retiens de mon voyage deux choses : 1) On ne peut mieux découvrir une cité qu'en
se promenant ; mais surtout en s'écartant des lieux qui semblent des appâts pour touristes. Il faut oser prendre les ruelles et ne pas oublier de lever la tête. Il faut oser prendre les rues vides pour profiter de la beauté des détails des maisons. 2) Je retiens aussi (à vrai dire, je confirme) que l'on ne doit pas entreprendre la construction d'une cité sans un projet d'aménagement du territoire bien pensé. Pendant longtemps - et aujourd'hui encore dans certaines villes de France - les villes ont été construites pour la voiture. Désormais, les projets semblent intégrer L'Homme et les divers moyens qu'il utilise pour se déplacer. L'Espagne l'a compris et c'est ce qui retient l'attention du visiteur attentif.
Raphaël ADJOBI