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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël

17 mars 2008

L'Esclavage en terre d'Islam (Malek Chebel)

Photo_L_escl              L’Esclavage en Terre d’Islam

            A la lecture des premières pages de ce livre, on ne peut s’empêcher de penser à tous ces Noirs d’Afrique et des Etats-Unis d’Amérique qui ont rejeté le catholicisme qu’ils considéraient comme la religion des colons et des esclavagistes pour embrasser l’Islam. Au fil des pages, on ne peut cesser de penser à tous ces Africains, zélés défenseurs de l’Islam et qui durant leur vie entière jamais ne laissent échapper de leur bouche la moindre critique à l’adresse de la religion de Mohammed et des pays qui l’ont érigée en dogme d’état.

            Il semble en effet que l’esprit critique à l’égard de sa religion et de ses pratiques soit le privilège du chrétien. La critique de sa croyance et des pensées de sa religion apparaît inadmissible pour le musulman. Les multiples condamnations à mort lancées de nos jours contre des écrivains ou des penseurs à travers le monde le prouvent.

            On ne peut donc qu’être d’accord avec Malek Chebel quand il s’étonne du mutisme des musulmans sur la réalité de l’histoire de leur religion. Le monde musulman, selon lui, semble sciemment ignorer la culture religieuse musulmane. En d’autres termes, le musulman se complaît dans l’ignorance de son histoire religieuse incluant des pratiques sociales que la conscience humaine désapprouve aujourd’hui.

            Lire ce livre, c’est découvrir les multiples visages de l’esclavage en terre musulmane hier et aujourd’hui. Malek Chebel nous parle des esclaves chanteuses qui furent parfois puissantes. Il nous parle des énuques d’Europe et d’Afrique, des esclaves soldats, etc… L’auteur nous promène de l’Espagne à l’Europe centrale en passant par l’Afrique et le Moyen Orient. Il montre du doigt « l’esclavage de traîne » - autrement dit la survivance de l’esclavage – au Sénégal, en Mauritanie, au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Egypte, au Soudan, En Lybie, au Tchad, au Niger, au Sultanat de Brunei, en Arabie Saoudite,…. Il est écoeurant de lire que l’esclavage, souvent sous sa forme ancienne, existe aujourd’hui encore dans ces pays sans que les gouvernants osent s’attaquer franchement à l’éradication de ce phénomène honteux. 

            Ce livre est donc l’historique de l’esclavage sous sa forme archaïque en pays musulman fait de chasseurs d’esclaves, de caravaniers, de riches commerçants de « bois d’ébène » prélevés dans le sud du Sahara, pour nous découvrir son visage actuel fait d’humiliations individuelles, presque invisibles, difficilement quantifiables dont il donne certains aspects criants et révoltants à l’aube du XXI è siècle.

            La note de l’éditeur fait remarquer que « l’auteur reconstitue avec minutie le développement d’une culture esclavagiste qui s’est greffée sur l’Islam. » Quant à moi, je dirais que c’est une culture esclavagiste à laquelle s’est adapté l’Islam avec complaisance pour ne rien changer à une pratique féodale. Ainsi l’Islam égalitariste qui prône le partage des richesses approuve et encourage le dispositif de dépendance de l’homme à l’homme. En ce qui concerne la polygamie, il ne fait que donner par le Coran un habit juridique à une pratique ancestrale qui prévalait. D’autre part, la libération de l’esclave que propose le Coran ne dépend que de la manifestation de la générosité ou de la repentance du maître ; ce qui fait dire à Malek Chebel que « la condition sine qua non de toute liberté humaine, à savoir la liberté de conscience, […] est inféodée à une croyance préalable, en l’occurrence l’Islam. »            

            Dès lors, on comprend avec l’auteur pourquoi la démocratie est impossible dans les pays qui ont fait de l’Islam une religion d’état, et pourquoi les régimes esclavagistes d’aujourd’hui sont généralement des régimes musulmans.    

 

Raphaël ADJOBI

Auteur : Malek Chebel

Editeur :Fayard

 

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6 mars 2008

Les banlieues et leurs élus

 

                        Les banlieues et leurs élus

« Sarcelles est à 1h 45 minutes de Paris par le RER alors que le trajet se fait en 15 minutes en voitures ; c’est démotivant, non ? » lance le jeune homme, simplement. En effet, on oublie bien aisément que tous ceux que l’on assimile à des paresseux et que l’on qualifie de « glandeurs » sont au départ les innocentes victimes de projets nés des esprits dits supérieurs de la nation. On oublie aisément qu’on a crée dans les années 60 des « banlieues sans usine, sans fumée, sans bureau », des cités justement appelées dortoirs et dépourvues de tout et qui exigeaient que pour tout l’on prenne la direction de Paris. La création d’un espace de vie spécifique a donc indiscutablement généré un comportement spécifique adapté à ce milieu.

            Mais aujourd’hui, afin de mieux isoler les habitants de ces contrées périphériques de la capitale française, lesBanlieues_France prétendus penseurs et concepteurs de la République ont créé un lexique propre à stigmatiser leurs populations. On ne les désigne que par « population issue de l’immigration » ou de « jeunes mal intégrés ». Dès lors, ces populations apparaissent aux yeux du reste de la France comme des étrangers. Ainsi, les agriculteurs et autres corps de métiers qui mettent le feu aux bâtiments publics ou les plastiquent tout simplement n’écoeurent personne ; les voitures qui brûlent dans les banlieues si. Tout cela ne choque point les intellectuels français qui ne rêvent aujourd’hui que de plateaux de télévision ou de réceptions chez les fortunes de la nation. 

            

            Mais voici venue l’heure d’élections nouvelles et nous voyons apparaître ça et là des faces blafardes et non point basanées dans ces lieux que l’on dit impropres aux progrès. Une fois encore l’on vient leur chanter que l’on sait ce qu’il leur faut pour leur arracher leur suffrage. Bientôt ces rejetés auront leurs chefs qu’ils auront démocratiquement choisis mais qui leur auront été imposés d’une certaine façon puisqu’ils auront été désignés par des appareils politiques aristocratiques. Même si je me réjouis de la désignation d’Aminata Konaté comme candidate UMP à Montreuil face à Dominique Voynet (Gauche dissidente) et au candidat désigné de la Gauche, je mesure le chemin qui reste à parcourir par les minorités pour entrer dans les cœurs de leurs compatriotes blancs comme leurs égaux.

      

            Aussi, je ferme les yeux et je rêve à ce jour où ces Français de deuxième catégorie se décideront à se gouverner eux-mêmes sans compter sur les appareils politiques qui les ignorent et dans lesquels ils sont d’ailleurs absents.

 

Photo : Drancy (région parisienne). Je vous laisse apprécier la subtile séparation entre zone pavillonnaire et zone à loyers modérés. 

 

Cet état de chose m’a inspiré cette réflexion il y a quelques années

Il nous plaît de blâmer ces hommes politiques qui jamais n’ont connu la pauvreté ni la misère mais qui s’érigent en défenseurs du pauvre et du miséreux en repassant, la nuit venue, les grandes théories salvatrices du genre humain apprises dans les grandes écoles qui font la fierté de la République. Drapés dans leur suffisance et certitudes, ils nous promettent le bonheur et clament à qui veut les entendre que leur intelligence attestée par leurs diplômes enluminés les en approche. 

            Et pourtant chaque jour, nous constatons que leur manque d’humanité les éloigne de nous et nous rend leur voix étrangère. Heureusement, pour cette classe d’hommes, à l’heure du choix de ceux qui doivent nous gouverner, leur enluminure nous éblouit et nous arrache notre suffrage. Ne me demandez pas par quel miracle ou imbécillité nous les choisissons pour les blâmer plus tard.

 

Raphaël ADJOBI                

6 février 2008

Obama, Bill et Hillary

Barack_Obama                                 Obama, Bill et Hillary

    Ou les coups bas portés à Obama

            Dans cette campagne des primaires qui passionne l’Amérique et qui doit aboutir à la désignation des deux finalistes à l’investiture présidentielle, tout semble trop lisse et trop beau, trop démocratique.

            Sans doute pour la première fois, les Américains et les observateurs étrangers ont le sentiment que cet immense pays vit une vraie histoire démocratique parce que les Etats-Unis n’ont pas à choisir entre deux camps aristocratiques. Tout le monde s’accorde à dire que les visages de Hillary Clinton, la femme, et celle de Barack Obama, le Noir, bouleversent les habitudes séculaires.

            Mais une fois ce beau voile replié, on se rend compte que ces primaires américaines gardent leur caractère premier, c'est-à-dire une espèce de combat dans lequel il faut porter des coups qui font mal, des coups qui font chanceler l’adversaire et semer le trouble dans l’esprit de ses ardents supporteurs comme dans celui des électeurs en général.

            Et l’arme d’Hillary, c’est Bill qui l’a trouvée et la manie à tout bout de champ : Obama, répète-t-il, c’est le candidat des Noirs ! C’est ce qu’on appelle un coup sous la ceinture dans un combat de boxe. Les Clinton jouent donc la carte raciale sachant très bien qu’un nombre non appréciable de blancs peuvent se ranger derrière Hillary pour cette unique raison. Obama savait l’efficacité de cette carte dans ce pays. C’est pourquoi il a tenu à mener une campagne dénuée de toute connotation raciale. Toutefois, son camp ne pensait pas que les Clinton s’abaisseraient à user de cette arme efficace mais nullement honorable.

            D’autre part, les adversaires d’Obama ne se privent pas de pratiquer l’amalgame. Ils font circuler la fausse information selon laquelle Obama serait musulman et prêterait serment sur le Coran s’il était envoyé au Capitole à Washington. Du coup, les juifs, même s’ils sont très minoritaires, ont mis en mouvement leurs lobbies très puissants pour présenter le jeune démocrate noir comme l’épouvantail à fuir, le danger qui menace l’Amérique.

            Et pourtant, Obama qui n’a presque pas connu son père, lui qui a été élevé dans le christianisme et loin des luttes des Noirs pour les droits civiques, est demeuré dans cette campagne l’incarnation de la nouvelle Amérique désireuse de transcender les images qui blessent ou qui vous attachent à des clans trop voyants. Mais les préjugés ont la vie dure ; surtout quand il y a des gens à la moralité douteuse qui s’appliquent à les entretenir.

Raphaël ADJOBI

Le 6 / 02 / 08

4 février 2008

Ivoiriennes Ajourd'hui

Ivoirienne_aujourd_hui                                                     Ivoiriennes aujourd’hui

 

 

            Quelle est l’intention première des auteurs de ce livre ? Sans doute valoriser la femme Ivoirienne tout en soulignant la diversité ethnique du pays. Et au nombre des auteurs, je compte la photographe qui a tenu à présenter ses sujets dans leurs activités quotidiennes et dans leur beauté physique.

            En effet ce livre qui est aussi un album photos abondamment illustré est un voyage dans la géographie humaine de la Côte d’Ivoire. Les quatre grands groupes (Akan, Mandé, Gour, Krou) et leurs composantes ethniques sont clairement situés sur quatre cartes du pays. Les curieux découvriront ainsi la richesse ethnique de ce petit morceau d’Afrique. Les Ivoiriens quant à eux pourront tester leur connaissance en essayant de repérer la situation géographique de chacune des 59 ethnies qui peuplent leur pays ou tout simplement essayer de les énumérer. Pour ma part j’avoue avoir découvert pour la première fois 26 noms d’ethnies que j’ignorais totalement.

            Mais à travers la diversité ethnique du pays, c’est la femme qui est célébrée. Aux images montrant des femmesIvoirienne_2 dans leurs tâches quotidiennes sont associées des photos des moments de liesse populaire ou des images de femmes parfois trop apprêtées ou endimanchées. La photographe semble avoir résolument pris le parti de présenter la femme ivoirienne dans tout ce qui la valorise. Nous sommes ici très loin des images coloniales qui veulent offrir des sauvages en pâture à la curiosité occidentale.

            Ivoiriennes aujourd’hui est un beau livre d’images et de géographie ethnique de la Côte d’Ivoire qui peut faire l’objet d’un agréable cadeau. Chacun y découvrira un peuple varié et la beauté des femmes de ce bout d’Afrique. Les Ivoiriens s’y regarderont comme dans un miroir pour apprécier leurs traits distinctifs et l’harmonie diversité de leur pays à travers les regards de leurs sœurs, de leurs épouses et de leurs mères.

                                                                                                                       Ivoirienne_3

Raphaël ADJOBI                                                            

 

 

Titre : Ivoiriennes aujourd’hui

Photographies : Viviane Froger-Fortaillier            

Textes : Moussa Touré, Anna Manouan

              et Solange Diabagaté Atsé                         

Edition : Editions SEPIA 2007

 

26 décembre 2007

La mémoire et l'histoire

                               La mémoire et l’histoire

 

 Deux histoires de mémoire qui osent enfin se révéler l’une comme une valise secrète que l’on finit par ouvrir un jour, et l’autre comme un oignon qu’on épluche. Telles sont les deux expériences qui viennent d’étoffer les interrogations sur la nécessité ou non de combler les pointillés (1), ou les trous béants de l’histoire de France.

 Günter Grass, sans doute l’auteur Allemand le plus sollicité et le plus écouté dans son pays, vient, à 79 ans, dans son autobiographie Pelures d’Oignon (En épluchant les oignons) de révéler son passé nazi. Il avoue qu’à 17 ans, séduit par Hitler, il s’est engagé volontairement dans les Waffen SS. En Allemagne, il semble que c’est une volée de bois vert qui a accueilli ses aveux tardifs de l’écrivain nobelisé. C’est donc un véritable malaise qui s’est installé dans ce pays depuis que l’auteur a fait cette révélation un mois avant la parution de son livre en septembre 2007 dans son pays.  

 Le dimanche 2 décembre, dans l’émission 7 à 8 de la première chaîne de télévision française, on nous présenta un Australien d’origine juive qui aurait servi de mascotte à l’armée allemande durant la deuxième grande guerre. Sauvé de la mort par un soldat Allemand qui le présenta à ses camarades d’armes comme un orphelin russe, le miraculé a attendu d’être un vieil homme pour avouer à son fils comment il a servi de fer de lance de la propagande à l’adresse de la jeunesse hitlérienne. Et effectivement on a retrouvé et diffusé ces images du jeune homme blond adulé par tous que l’on présentait comme le type allemand par excellence. 

 Pour ma part, je ne me joins pas aux cris de ceux qui réclament à Günter Grass de rendre son prix Nobel ; et je ne crierai pas non plus « salaud » au vieil Australien. On ne peut en vouloir ni à Günter Grass, ni au vieil Australien d’avoir pris la décision de révéler une page sombre de leur histoire personnelle. Bien au contraire, je ne peux qu’applaudir ce courage qui permet aussi aux victimes de dire au monde entier que leurs souffrances n’étaient pas imaginaires.

 J’ose espérer que les aveux que des individus sont capables de faire pourront servir de leçon à une grande nation comme

la France

qui se refuse pour l’heure à faire preuve d’humilité. On ne peut pas demander aux peuples qui ont subi les travaux forcés, le pillage de leurs arts et richesses de toutes sortes, qui ont souffert les humiliations quotidiennes de se contenter de la «  reconnaissance du caractère injuste de la colonisation » (Nicolas Sarkozy, le 3 décembre 2007 en Algérie) tout en affirmant et en donnant comme consigne d’enseignement, la recherche et la valorisation des « caractères positifs de la colonisation. »

 Le courage de dire et d’assumer son passé ne doit pas appartenir seulement aux individus. Il doit être aussi la marque des nations. Et c’est sans doute à cela que l’on reconnaît les Grandes !  Et si

la France

ne veut pas reconnaître et assumer son passé, qu’elle cesse au moins de polir son image coloniale. Elle a beau se laver les mains à la manière de Ponce Pilate, le sang des colonisés la hantera jusqu’à ce qu’elle en soit exorcisée par des aveux, via les archives, qui viendront combler les lacunes de notre histoire commune.  

 

(1) : J’emprunte cette expression à un auditeur d’une radio française qui a voulu signifier par ces termes l’absence de recherches sur certains événements ayant marqué

la France

; ce qui fait apparaître l’histoire de France comme faite de trous ou de vides consciemment entretenus.      

 

Raphaël ADJOBI

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24 septembre 2007

Des chiens et des chats

                                    Des chiens et des chats

                               (Brève réflexion sur l’éducation)

            Certains affirment préférer les chats aux chiens parce que les premiers sont plus indépendants. Ils reprochent aux seconds de se comporter en esclaves par leur trop grande obéissance à leurs maîtres. Quant à moi, je préfère les chiens aux chats car pour vivre en bonne entente dans une communauté – avec les hommes ou avec les animaux – il faut que chacun se plie aux règles de la maison : manger quand il faut manger, sortir quand il le faut et non point quand il ne le faut pas, aider aux tâches quand on a besoin de vous.

            Quoi qu’il en soit, le maître qui a un animal indépendant et peu respectueux des règles de la maison ne l’est pas lui-même. Que nous le voulions ou non, c’est nous qui avons la charge des animaux. Si leur indépendance doit nous occuper au point de nous empêcher de faire ce que nous voulons au moment où nous le désirons, il vaudrait mieux nous en séparer.

            Il en est de même de certains parents qui se pâment d’aise devant leurs enfants trop enjoués, prompts à répondre à tous et à opiner de tout, et qui voient dans leur désobéissance et insolence la marque d’une grande liberté. Intarissables sur leurs faits et gestes, ils se réjouissent presque de ne pouvoir canaliser cette énergie juvénile que ces chers et tendres trésors leur imposent comme la marque d’une grande intelligence. Ces parents-là ne se rendent pas compte qu’ils sont devenus, peu à peu, les esclaves de leur propre progéniture, oubliant que ceux qui sont à notre charge doivent absolument être gouvernés.         

Raphaël ADJOBI

6 juillet 2007

Le choc amoureux

Le_choc_amoureux                   Le choc amoureux

 

 

            Ce livre ne se raconte pas. Il est même difficile d’en faire un commentaire car il est question de sentiment, et précisément du sentiment amoureux. Le lire, c’est comme se regarder dans un miroir que l’on tient devant sa face pour vérifier ses propres traits.

            Evidemment, on ne peut le conseiller à tout le monde. Une amie travaillant dans l’univers des livres l’a côtoyé pendant de nombreuses années mais ne s’est décidée à le lire qu’au moment où elle est tombée amoureuse. Avant, m’a-t-elle dit, je ne me sentais pas concernée. C’est exactement cela : il faut se sentir concerné par l’amour pour le lire ; il faut avoir été amoureux et, encore mieux, être amoureux pour savourer chaque ligne de ce livre.

            L’amoureux a un comportement déroutant pour qui ne l’est pas et un langage singulier. Tout à coup, on devient poète, on désire se confondre avec l’autre chez qui tout semble beauté, charme et perfection. Non, j’arrête là cette pâle description de l’amour. Si quelqu’un vous dit qu’il est amoureux, offrez-lui ce livre. Il pourra vérifier en le lisant s’il l’est vraiment. Il semble en effet que nous affirmons parfois trop hâtivement que nous sommes amoureux. Les derniers chapitres du livre vous situeront sur votre sort.

 

Raphaël ADJOBI

 

Titre : Le choc amoureux

Auteur : Francesco Alberoni

édit : Presse Pocket

29 juin 2007

Les victoires de Sarkozy

Les_femmes_de_Sarko          Les victoires de Sarkozy

            Les feux d’artifice et les bravos ont enfin laissé la place à la vie ordinaire. Nous voilà enfin sortis d’une longue période d’agitation qui nous a coûté beaucoup d’encre et de salive. Les présidentielles, les législatives, la formation du gouvernement puis son remaniement, tout est bel et bien fini. Cette fois, nous n’aurons même pas à garder le souvenir des pleurs des vaincus comme si pour ces derniers la défaite était prévue. Et dans le silence retrouvé, les socialistes se disent dans le secret de leur cœur que leur défaite a évité à la France le spectacle des querelles du couple présidentiel à l’Elysée. Ouf ! l’honneur est sauf. Et Ségolène Royale doit être soulagée d’avoir échoué si près du but pour ne pas avoir la lourde tâche d’appliquer un programme auquel elle n’a jamais cru. Elle peut donc dire merci à Sarkozy.

            Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais il suffit de jeter un regard en arrière pour voir l’état du champ de bataille et par la même occasion l’état de la France au terme des joutes politiques. Inutile de s’attarder sur la maison socialiste en ruine malgré quelques meubles précieux sauvés in extremis du sunami bleu avec en prime le scalp d’Alain Juppé qui n’avait déjà pas beaucoup de cheveux. 

            A côté des ruines de la maison socialistes, on peut faire deux constats qui constituent les véritables victoires de Sarkozy : les cendres du Front National et la présence d’éléments des minorités au sein du gouvernement.

Le Pen domestiqué

            Depuis près de trois décennies, les partis traditionnels négligeaient l’importance du Front National et de son idéologie sur la scène nationale. Même à droite, souvent on acceptait de cohabiter avec le Front National tout en refusant de s’afficher avec ses partisans. Profiter des voix du FN mais ne pas adhérer à sa politique. Ce qui est souvent ressenti comme du mépris par les amis de Jean-Marie Le Pen. Et pendant des décennies, le Front National ne cesse de marteler qu’il y a trop d’immigrés en France. Il fut même une époque où il faisait coïncider le nombre des chômeurs avec le nombre d’immigrés travaillant sur le territoire français au point de faire croire au petit peuple que le plein emploi et le bonheur social passent par une expulsion pure et simple des étrangers concernés. Et aux yeux de beaucoup de Français blancs, tous les Maghrébins et tous les Noirs étaient ces immigrés qui mangent le pain des Français. Petit à petit, le temps aidant, le Front National et son leader se sont installés dans le paysage politique comme un élément du folklore national, une spécificité française de la même façon que l’on parle du Parti Communiste aujourd’hui.

            Puis il y eut le tremblement de terre de 2005. Le Front National parvint au deuxième tour, contre toute attente. Un sursaut national hypocrite se produisit alors et lui barra la route. Tout le monde souffla avec soulagement. Mais à l’approche des élections de 2007, le spectre du Front National commença à hanter les esprits. A gauche, on se répétait : «  plus jamais ça ! Votons utile. » Le vote utile, c’était tout ce que la gauche proposait aux Français. Car le programme était si flou que personne aujourd’hui n’est capable d’en citer un seul projet concret.

            Nicolas Sarkozy, lui, a compris que la France est diverse et a donc des besoins divers. Les soucis des minorités vivant dans les quartiers surpeuplés, ceux des partisans du FN, et ceux des riches qui croient fermement que l’Etat français les détrousse sans cesse ne sont pas les mêmes. Il va donc s’adresser à chaque groupe et lui proposer de s’occuper de ses soucis. Au nom de quoi, en effet, doit-on négliger les soucis des 15 à 18 % des Français qui estiment que l’on doit stopper l’immigration sauvage ? Pourquoi doit-on continuer à fermer les yeux devant ses bateaux qui échouent quotidiennement sur les plages de l’Europe avec leur cargaison de malheureux en guenilles ? Lui, Nicolas Sarkozy, affirme que c’est une situation détestable auquel il faut trouver une solution. Dès lors, ce sont les partisans du FN qui vont voter utile afin que leurs idées aient des chances d’être appliquées. Le résultat, nous le connaissons : en quittant la bannière FN pour voter utile, les partisans de Jean-Marie Le Pen ont réduit ce parti en un groupuscule d’illuminés sans intérêt. Et pour parachever sa victoire sur un parti que lui seul a été capable de mater, Nicolas Sarkozy va se montrer en vainqueur magnanime. Il ne va pas humilier celui qu’il a réduit à presque rien. Il va, dans un geste très républicain, le recevoir à l’Elysée au même titre que les autres leaders des partis du pays. Hier, cette rencontre aurait fait couler beaucoup d’encre et de salive. Aujourd’hui elle est passée presque inaperçue comme si tout le monde lui était reconnaissant d’avoir réussi là où tous les partis ont échoué.

Les minorités Valorisées

            La deuxième victoire de Sarkozy s’était clairement dessinée  lors des campagnes pour les élections présidentielles. Pour la première fois en France, un candidat à l’élection présidentielle a un projet clair et net pour les minorités : la discrimination positive pour les rendre plus visibles dans les structures sociales, économiques et politiques du pays. Avant lui, les hommes politiques refusaient la notion de « minorité » importée, selon eux, des pays anglo-saxons et qu’ils substituaient volontairement par le mot « communautarisme » pour faire peur. D’autre part, Nicolas Sarkozy est le premier homme politique français à avoir confié une partie de sa campagne aux minorités du pays. En métropole comme aux Antilles, on ne voyait pas que des blancs défendre ses idées. Après sa victoire, trois femmes issues des minorités entrent au gouvernement, non pas pour s’occuper des problèmes des minorités, mais pour servir la République selon leurs compétences. Et à ceux qui pensent que ces nominations sont de la poudre aux yeux, il convient de répondre que c’est déjà beaucoup que d’habituer les Français à voir la diversité nationale dans les rangs de nos dirigeants.

            Ainsi donc, en quelques mois, Nicolas Sarkozy a réalisé là ce que la gauche laissait espérer depuis des décennies aux minorités sans jamais oser l’accomplir. Quelle gifle ! Le parti Socialiste qui dit se battre pour les égalités, ce parti qui attire les voix des minorités en criant partout prendre leur défense ne leur a jamais rien proposé. Ce parti n’a jamais compris que la France n’est point monobloc et monochrome. La France n’est plus blanche depuis des siècles et il faudra l’accepter une fois pour toutes en faisant tomber les verrous institutionnels hérités de l’histoire (napoléonienne pour la plupart) qui rendent ses minorités invisibles. Et comme 25 à 30 % des adhérents de ce parti sont des militants de « la diversité », il se doit de relever le défi que vient de lui lancer le nouveau président. Sinon, les minorités françaises voteront de plus en plus à droite. Comme disent les Ivoiriens, « qui est fou ? »

Raphaël ADJOBI

15 juin 2007

Strange Fruit (Une analyse de Raphaël ADJOBI)

Billie_Holiday                Strange fruit

 

                  (Un fruit étrange)

    

Les arbres du sud portent un fruit étrange.

 

Du sang sur les feuilles, du sang sur les racines,

 

Un corps noir se balançant dans la brise du Sud.            

 

Etrange fruit pendant aux peupliers.

 

 

Scène pastorale du vaillant Sud.

 

Les yeux exorbités et la bouche tordue, 

 

Parfum de magnolias, doux et frais.

 

Puis une odeur soudaine de chair brûlée.

 

 

Voici un fruit à picorer par les corbeaux

 

Que la pluie fait pousser, que le vent assèche.

 

Pourri par le soleil, il tombera de l’arbre.

 

Voilà une étrange et amère récolte !

 

              Abel Meeropol         

 

Lynchage_1

            Strange Fruit est un poème qu’il faut lire en ayant à l’esprit un paysage rural semé de champs de coton qui laissent voir ça et là quelques arbres isolés ou quelques bosquets procurant un peu de fraîcheur. Il faut imaginer qu’au siècle dernier, dans les années 30, au plus fort des lynchages dans les campagnes américaines, quand un promeneur empruntait une route serpentant dans ce paysage de rêves, au détour d’un chemin, il n’était pas rare qu’il voie suspendu à un arbre un étrange fruit. Un fruit noir qui ensanglantait les feuilles et les racines de l’arbre qui le portait. 

            Ce fruit étrange dont il est question désigne les corps des victimes noires des lynchages que l’on pendait aux arbres quand elles n’étaient pas brûlées vives. Ces images, Abel Meeropol, un enseignant juif d’origine russe, les avaient découvertes par le biais des photographies que les familles blanches s’adressaient sans vergogne et sur lesquelles on les voyait rayonnantes à côtés de leur victime. Choqué par cette pratique, il écrivit et publia un poème (Bitter Fruit) sous le pseudonyme de Aka Lewis Allan. Il en fera par la suite une chanson et la proposera à la chanteuse noire américaine de jazz et de bleues, Billie Holiday. Celle-ci, déjà célèbre, chantera pour la première fois ce texte, devenu Strange Fruit, au Café Society, seul club antiségrégationniste de New York.

            Dans une mise en scène sobre avec le public plongé dans le noir et un faisceau de lumière éclairant la silhouette de Billie Holiday, celle-ci chanta d’une voix déchirante accompagnée des seules notes d’un piano. A la fin de sa prestation, le public désorienté garda un silence de mort. Puis, un spectateur osa battre des mains entraînant peu à peu le reste du public dans un tonnerre d’applaudissements. Depuis, cette chanson compte parmi les réquisitoires artistiques les plus vibrants contre le lynchage couramment pratiqué dans le Sud et l’Ouest des Etats-Unis. Seize ans avant que Rosa Parks ne devienne célèbre en refusant de céder sa place dans un bus en Alabama, grâce à « sa voix déchirée et déchirante », Billie Holiday a permis à ce poème de faire prendre conscience du racisme et du pouvoir de l’art dans le combat pour les droits des noirs.

            Voilà donc une œuvre que les écoliers noirs d’Afrique et d’ailleurs devraient étudier afin de ne jamais oublier ce qu’ont vécu ceux qui ont quitté brutalement la terre d’Afrique pour l’Amérique lointaine. Et il faut qu’ils sachent aussi que si l’on ne pend pas toujours des noirs, aujourd’hui on plastique leurs maisons, on les abat toujours au fusil, et on les frappe jusqu’à ce que mort s’ensuive à la batte de base-ball. Ainsi, entre 1980 et 1986, on a recensé cent vingt et un meurtres imputables à l’ultra droite américaine (source : Centre du renouveau démocratique, basé en Alabama). Les morts motivées par la haine raciale n’ont donc pas disparu du sol américain.   

 

Raphaël ADJOBI

 

(Bibliographie : Article de Dirk Ingo Franke publié par Arte.tv. / Article de Jeannine Dath pour Théâtre Varia / Articles de Torpedo et Wikipedia / Photos : Wikipédia et Afrostyly)         

Livres à retenir : 1) Without Sanctury, Le lynchage aux Etats-Unis en cent trente photographies. 2) Freedom, histoire photographique de la lutte des Noirs américains, édit. Phaiton, 2003. 3) L’empire du mal, dictionnaire iconoclaste des Etats-Unis ; auteur : Roger Martin, éditions Cherche-Midi, 2005. 

 ° L'histoire d'une autre chanson célèvre sur l'esclavage : Amazing Grace

               Strange Fruit

 

Southern trees bear strange fruit,                       
Blood on the leaves and blood at the root,             
Black bodies swinging in the southern breeze,
Strange fruit hanging from the poplar trees.

Pastoral scene of the gallant south,
The bulging eyes and the twisted mouth,
Scent of magnolias, sweet and fresh,
Then the sudden smell of burning flesh.

Here is the fruit for the crows to pluck,
For the rain to gather, for the wind to suck,
For the sun to rot, for the trees to drop,
Here is a strange and bitter crop
.

Composed by Abel Meeropol (Aka Lewis Allan)

        Originally sung : Billie Holiday

 

 

6 juin 2007

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur

Ne_tirez_pas_sur_l_oiseau_moqueur        Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur

 

                        (Roman de Harper Lee)

 

Ce roman est à inscrire au nombre des plus belles narrations de la littérature du XXè siècle. Il y a des livres qui rencontrent indiscutablement l’unanimité des lecteurs. Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur est de ceux-là.   

            Ce qui fait le charme du livre, c’est avant tout le style de la narration : il est empreint d’une fraîcheur due au fait que tout est mené sous le point de vue d’une enfant d’à peine neuf ans mais qui est pleine d’humour. Cet humour tient d’ailleurs à la naïveté ou à l’innocence du regard de l’enfant qui ne peut que surprendre les adultes que nous sommes. Et cette naïveté ou innocence va admirablement servir le sujet de ce livre qui est tout simplement une évidente et affreuse injustice qui ne sera présentée que dans la deuxième partie du roman..

            Le sujet du livre : Dans les années 30, dans une petite ville d’Alabama nommée Maycomb, le père de la petite Jean Louise est commis d’office pour défendre un jeune noir accusé du viol d’une jeune blanche de 19 ans. Atticus Finch, cet avocat intègre et rigoureux qui élève seul ses deux enfants, Jem et Scout (Jean Louise), va tenter d’accomplir sa tâche tout en essayant de préserver l’innocence de ses enfants confrontés aux préjugés et au mensonge des blancs.             

            Si donc ce livre est une véritable peinture du monde de l’arbitraire qu’était cette Amérique dans laquelle étaient perdus les noirs et contre laquelle ils mèneront leurs plus grandes luttes dans les années 60, il se veut également le témoignage d’une profonde humanité qu’un père veut laisser croître dans le cœur de ses enfants. En effet, cette relation entre Atticus Finch et ses enfants, ressemble beaucoup plus à une éducation à la Jean-Jacques Rousseau dans laquelle l’on laisse faire la nature ; ce qui aux yeux du commun des hommes ressemble plutôt à un manque d’éducation. C’est donc bien avec l’innocence de leur cœur que Jem et Scout découvrent l’injustice des hommes et non point avec les idées de leur père.

 

Titre : Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur

 

Auteur : Harper Lee

 

Edition : Le livre de poche

 

Raphaël ADJOBI

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