L'Esclavage en terre d'Islam (Malek Chebel)
L’Esclavage en Terre d’Islam
A la lecture des premières pages de ce livre, on ne peut s’empêcher de penser à tous ces Noirs d’Afrique et des Etats-Unis d’Amérique qui ont rejeté le catholicisme qu’ils considéraient comme la religion des colons et des esclavagistes pour embrasser l’Islam. Au fil des pages, on ne peut cesser de penser à tous ces Africains, zélés défenseurs de l’Islam et qui durant leur vie entière jamais ne laissent échapper de leur bouche la moindre critique à l’adresse de la religion de Mohammed et des pays qui l’ont érigée en dogme d’état.
Il semble en effet que l’esprit critique à l’égard de sa religion et de ses pratiques soit le privilège du chrétien. La critique de sa croyance et des pensées de sa religion apparaît inadmissible pour le musulman. Les multiples condamnations à mort lancées de nos jours contre des écrivains ou des penseurs à travers le monde le prouvent.
On ne peut donc qu’être d’accord avec Malek Chebel quand il s’étonne du mutisme des musulmans sur la réalité de l’histoire de leur religion. Le monde musulman, selon lui, semble sciemment ignorer la culture religieuse musulmane. En d’autres termes, le musulman se complaît dans l’ignorance de son histoire religieuse incluant des pratiques sociales que la conscience humaine désapprouve aujourd’hui.
Lire ce livre, c’est découvrir les multiples visages de l’esclavage en terre musulmane hier et aujourd’hui. Malek Chebel nous parle des esclaves chanteuses qui furent parfois puissantes. Il nous parle des énuques d’Europe et d’Afrique, des esclaves soldats, etc… L’auteur nous promène de l’Espagne à l’Europe centrale en passant par l’Afrique et le Moyen Orient. Il montre du doigt « l’esclavage de traîne » - autrement dit la survivance de l’esclavage – au Sénégal, en Mauritanie, au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Egypte, au Soudan, En Lybie, au Tchad, au Niger, au Sultanat de Brunei, en Arabie Saoudite,…. Il est écoeurant de lire que l’esclavage, souvent sous sa forme ancienne, existe aujourd’hui encore dans ces pays sans que les gouvernants osent s’attaquer franchement à l’éradication de ce phénomène honteux.
Ce livre est donc l’historique de l’esclavage sous sa forme archaïque en pays musulman fait de chasseurs d’esclaves, de caravaniers, de riches commerçants de « bois d’ébène » prélevés dans le sud du Sahara, pour nous découvrir son visage actuel fait d’humiliations individuelles, presque invisibles, difficilement quantifiables dont il donne certains aspects criants et révoltants à l’aube du XXI è siècle.
La note de l’éditeur fait remarquer que « l’auteur reconstitue avec minutie le développement d’une culture esclavagiste qui s’est greffée sur l’Islam. » Quant à moi, je dirais que c’est une culture esclavagiste à laquelle s’est adapté l’Islam avec complaisance pour ne rien changer à une pratique féodale. Ainsi l’Islam égalitariste qui prône le partage des richesses approuve et encourage le dispositif de dépendance de l’homme à l’homme. En ce qui concerne la polygamie, il ne fait que donner par le Coran un habit juridique à une pratique ancestrale qui prévalait. D’autre part, la libération de l’esclave que propose le Coran ne dépend que de la manifestation de la générosité ou de la repentance du maître ; ce qui fait dire à Malek Chebel que « la condition sine qua non de toute liberté humaine, à savoir la liberté de conscience, […] est inféodée à une croyance préalable, en l’occurrence l’Islam. »
Dès lors, on comprend avec l’auteur pourquoi la démocratie est impossible dans les pays qui ont fait de l’Islam une religion d’état, et pourquoi les régimes esclavagistes d’aujourd’hui sont généralement des régimes musulmans.
Raphaël ADJOBI
Auteur : Malek Chebel
Editeur :Fayard