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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
3 juin 2007

Comment la France a perdu l'Afrique

Livre_de_Glaser_et_SmithComment la France a perdu l’Afrique

                            

       (Antoine Glaser et Stephen Smith)

            Ce livre est vivement conseillé à tous ceux qui veulent avoir une vision globale de la politique africaine de la France depuis le début du XX è siècle. C’est en réalité essentiellement l’historique des relations entre la France et l’Afrique sub-sahélienne. On ne peut qu’être conquis par la qualité des analyses d’Antoine Glaser et Stephen Smith qui peignent ici les liens trop étroits entre l’ancien colonisateur et ses anciens colonisés.

 

            Si le commun des Français est loin d’avoir saisi l’importance des événements qui se sont déroulés en Côte d’Ivoire en novembre 2004, les deux auteurs voudraient l’imprimer dans la tête de leurs lecteurs. Ils n’hésitent pas à comparer le massif encerclement de l’armée française devant l’Hôtel Ivoire à une véritable prise de la Bastille. Les événements de cette journée qui se sont poursuivis jusque tard dans la nuit avec le safari des hélicoptères français tirant sur les manifestants massés sur les deux ponts enjambant la lagune Ebrié ont véritablement sonné, à leurs yeux, la fin d’une ère française en Afrique. Jamais, nulle part en Afrique noire, la France n’a été autant bousculée, huée ! Et sans doute jamais depuis 1960, l’armée française n’a réprimé aussi sauvagement une manifestation dans ces anciennes colonies.

 

            A ceux qui pensent que l’Afrique n’apporte rien à la France et qu’elle n’est pour celle-ci qu’un boulet, ils voudraient leur faire comprendre que c’est l’Afrique qui confère à la France sa notoriété dans le concert des grandes nations. Sans elle, le veto de la France à l’ONU n’aurait aucun sens ; et cela tout simplement parce que la France s’est toujours présentée devant les grandes nations du monde comme le parrain et le porte-parole des pays pauvres d’Afrique. D’autre part, l’Afrique est un marché de consommation pour la France. Enfin, la France s’est toujours octroyé le monopôle des investissements dans ces anciennes colonies ; en d’autres termes, c’est un marché où les investisseurs français ne souffrent pas la concurrence des autres pays développés. Et ce n’est pas rien d’avoir le monopôle des exploitations et des grands travaux dans tous les pays francophones d’Afrique. Enfin, ici et ailleurs dans les revues économiques, on souligne que malgré la crise qui sévit en Côte d’Ivoire, ce pays reste toujours la locomotive économique de l’Afrique de l’Ouest ; ce qui fait prendre conscience de la pauvreté des autres nations africaines.

 

            Les lecteurs africains trouveront dans ce livre toutes les explications quant à la manière dont la France a été impliquée dans les différents coups d’état survenus en Afrique. Ils sauront également comment la France organise officiellement la désinformation pour rendre les dirigeants africains responsables de tout ce qui leur arrive. En clair, presque rien ne se fait en Afrique francophone sans la bénédiction de la France ou son bon vouloir.

 

            Tous ces éléments et bien d’autres fournis avec force détails - dates et chiffres – font de cet ouvrage un précieux auxiliaire pour tous ceux que passionnent les aventures de la France sur la terre d’Afrique. D’autre part, les auteurs ne manquent pas de citer les sources des informations qu’ils donnent pour appuyer leurs analyses. Sources qui peuvent faire l’objet d’autres lectures.

 

Titre       : Comment la France a perdu l’Afrique

Auteur    : Antoine Glaser et Stephen Smith

Edition   : Calman-Lévy   

 

Raphaël ADJOBI

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Commentaires
D
Pour mieux comprendre la problématique de la politique africaine de la France, je conseille de lire "Mitterrand l'Africain ?". Dans cet ouvrage, Gaspard-Hubert Lonsi Koko s'épanche sur la vision mitterrandienne du continent africain. Lire lien ci-contre : http://atelieregregore.oxatis.com/PBSCCatalog.asp?CatID=1729213
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K
Pour rappel 2....!!!
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J
La complexité des relations franco-africaines ne cesse de donner le tournis à bon nombre d'observateurs. S'intéressant au sinueux parcours africain de l'ancien président de la République française, en l'occurrence François Mitterrand, Gaspard-Hubert Lonsi Koko, à travers la vie politique de cet illustre personnage, décortique avec minutie les réseaux mis en place par Jacques Foccart et entretenus par quelques africanistes de gauche ; il nage dans les eaux troubles de la "Françafrique" pour mieux expliquer la puissance des lobbies qui imposent la continuité dans les rapports entre la France et l'Afrique.<br /> À l'heure où l'actualité africaine est entre autres dominée par les conflits, l'exode de nombreux jeunes, la lente "colonisation" de ce continent par la Chine, d'aucuns ne cessent de s'interroger sur le devenir des relations franco-africaines après François Mitterrand et Jacques Chirac.<br /> Cet ouvrage donne quelques pistes très utiles à la compréhension des futures relations franco-africaines. On y évoque également un lien de près de quarante-cinq ans entre un homme - que d’aucuns qualifient de "mythe errant" - et tout un continent, des méandres et des écueils qui ont enseveli des tas de secrets dans des marigots africains...<br /> <br /> Titre : Mitterrand l'Africain ?<br /> Editeur : Les Editions de l'Egrégore (http://www.editions-egregore.com)<br /> Parution : 23 octobre 2007<br /> Pagination : 232 pages<br /> ISBN : 978-2-916335-03-2<br /> Format : 14x22,5 cm<br /> Prix : 18 euros<br /> <br /> L'auteur :<br /> Membre du Bureau fédéral du Parti Socialiste de Paris et président du club de réflexion Enjeux Socialistes et Républicains, Gaspard-Hubert Lonsi Koko reste fidèle à ses engagements humanistes. Après "Un nouvel élan socialiste" et "Le demandeur d’asile", il poursuit la réflexion sur les rapports Nord-Sud avec "Mitterrand l’Africain ?".<br /> Site personnel : http://www.lonsi-koko.net
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B
Que les pays d'Europe et les peuples d'ailleurs veuillent conquérir, acquérir et contrôler les territoires d'Afrique en raison de leurs ressources naturelles à nulles autre pareilles, ne me surprend guère. <br /> <br /> Il est dans l'intérêt des nations puissantes d'aller en quête d'Empire. L'Egypte Noire et donc africaine le fit de son temps. Aucun territoire ni peuple mitoyens n'échappèrent à son imperium. Ce qui me paraît surréaliste, cependant, c'est de constater qu'un certain nombre d'analystes-même Africains- des rapports de force auxquels l'Afrique est partie, tendent à présenter cet immense continent aux réalités diverses comme un bloc monolithique appelé à être partagé comme un grand gâteau. <br /> <br /> On peut ainsi lire, avec stupéfaction, que "la France a perdu l'Afrique", que tel autre Etat est en passe de "l'acheter", de "l’exploiter", de « la revendre » ou « la gagner » comme s'il s'agissait d'un gisement, d'un bien successoral, d’une valeur boursière ou d'un cadeau d'anniversaire.<br /> <br /> Voilà ce qu'il y a dorénavant lieu de faire. Au lieu de s'ingénier à écrire de beaux romans avec force-détails, dates des turpitudes commises en Afrique et noms précis des acteurs externes et internes, il importe de réfléchir sur le développement endogène des pays africains, avec leurs prodigieuses énergies et une nouvelle vague de politiques ambitieuses affranchies de tout paternalisme. <br /> <br /> Ainsi, au lieu de lire "Comment la France a perdu l'Afrique", il serait conforme au IIIe millénaire, de lire "Quand les pays d’Afrique coopèrent avec la France" ou "Comment l'Afrique nourrit le Monde". A moins que le calendrier qui a cours en Afrique ne soit pas le même que celui qui est appliqué dans le reste du monde !<br /> <br /> Il est vraiment pathétique de voir comment des responsables d'Etats souverains courent avec empressement après un chef d'Etat étranger, comme si nos pays étaient en quête de rédemption ou même d'extrême onction.<br /> <br /> Non, Messieurs! Ce que vous percevez n'est qu'un effet d'optique.L'Afrique n'est pas à vendre; ni aujourd'hui ni demain; ni aux unes ni aux autres. <br /> <br /> En conséquence, aucune Nation ne l'a jamais gagnée ou perdue. L'Humanité est libre et inaliénable.
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S
Décidément, je vois que Stephen Smith n'est pas très apprécié parmi nous. Vous avez certainement raison. Mais je ne pourrai m'en convaincre qu'une fois que j'aurai lu d'autres livres de ce monsieur. Comme je le disais plus haut, il peut s'avérer un bon critique de la politique française en Afrique et apparaître comme un piètre connaisseur des Africains. Car rares sont les Européens qui côtoient vraiment le commun des africains quand ils sont en fonction en Afrique. Et les relations professionnelles ne sont nullement le lieu de l'expression de l'âme de l'Afrique. Pour dire un dernier mot du livre, Stephen Smith ne livre pas autre chose que ce que nous savons ou supposons des relations entre la France et l'Afrique. Son originalité, ce sont les nombreuse références qui viennent appuyer ce que nous les Africains avons coutume d'affirmer.
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