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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
17 mai 2013

Le Diable noir ou Alexandre Dumas, le dragon de la reine

                                      Le Diable noir

        ou Alexandre Dumas, le dragon de la reine 

Le diable noir 0001

            Il n'est pas ici question de l'auteur des Trois Mousquetaires mais de son père, né Thomas Davy de la Pailleterie (prononcez Paltrie), esclave à Saint-Domingue, sous Louis XV. Fils d'un marquis et d'une négresse de la plantation dont son père avait fait sa compagne, Thomas-Alexandre va prendre le pseudonyme d'Alexandre Dumas au moment où il endossera l'habit militaire pour devenir l'un des dragons de la reine. C'est son histoire que racontent magnifiquement ici deux livres écrits par Claude Ribbe. 

            Mais pourquoi donc deux livres ? Sans doute parce que le premier - Alexandre Dumas, le dragon de la reine (2002) - s'attarde sur l'enfance et la jeunesse du héros et fait peu de place à ses exploits guerriers et surtout à ses relations houleuses avec Napoléon Bonaparte. Le deuxième - Le Diable noir - que l'auteur qualifie de Biographie d'Alexandre Dumas, est davantage consacré aux relations personnelles du général et nous fait découvrir le monde des armes auquel il a entièrement consacré sa vie. En clair, la restitution de la réalité historique de la vie du premier général divisionnaire noir d'une armée occidentale apparaît ici moins romancée et donc plus technique. 

            Le Diable noir semble surtout éclairer l'oeuvre du fils, c'est-à-dire de l'écrivain Alexandre Dumas. C'est d'ailleurs en cela qu'il est intéressant à lire. Trop souvent, l'oeuvre d'Alexandre Dumas est apparue coupée de son histoire personnelle ; comme s'il était un enfant tombé du ciel, n'ayant aucune réalité sociale pouvant influencer ses romans comme on cherche à le découvrir chez tous les écrivains. Ce livre permet à chaque lecteur de nourrir son imagination et chercher à établir des relations entre les personnages romanesques du fils et les compagnons d'armes du père. Il permet aussi de rapprocher certaines réalités historiques de constructions fictives comme la tour Farnèse de La Chartreuse de Parme de Stendhal et éclaire en même temps l'univers de certains livres d'un jour nouveau. 

Le dragon de la Reine 0002

            Toutefois, il est indéniable que l'intention profonde de l'auteur est de restituer une vérité historique rendant par la même occasion hommage à une des grandes figures de l'Histoire de France qu'on s'évertue à cacher. Seule la malchance a fait rater à Alexandre Dumas le rendez-vous avec l'Histoire qui aurait sans doute contribué à rendre son image difficilement effaçable. Il fut, à son époque, le premier des militaires sur lequel le gouvernement pouvait compter. Le sort a voulu que par défaut on fit appel à Bonaparte. Et le destin de la France prit une autre tournure. C'est cette page surprenante et passionnante du passé que vous découvrirez avec ce livre.

            Quant à la suite des aventures de ce valeureux soldat, on la devine aisément en imaginant la volonté de puissance de Bonaparte, qui ne souffre pas la concurrence. Alexandre Dumas n'aura donc d'autre destin que l'oubli. D'autre part, quand on sait qu'il est de Saint-Domingue comme Toussaint Louverture que Napoléon a combattu, puis exilé et laissé mort à Joux, on ne peut pas s'attendre à ce que la France l'élève au rang de héros national. Cela ferait désordre. 

Raphaël ADJOBI 

Titres : Le Diable noir, 233 pages / Alexandre Dumas le dragon de la reine, 244 pages.

Auteur : Claude Ribbe

Editeurs : Editions Alphée, Jean-Paul Bertrand (le Diable noir)

             Editions du Rocher (Alexandre Dumas, le dragon de la reine)

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Commentaires
S
J'ai également beaucoup apprécié "Le crime de Napoléon". La polémique dont tu parles se poursuit encore sur le billet que j'ai réalisé sur ce livre. "Le Diable Noir" est - comme "Alexandre Dumas, le dragon de la reine" - est roman. Cependant il a le souci du respect des documents et des faits historiques. Ce qui est bien chez Claude Ribbe, c'est qu'il ne va pas plus loin que ce que lui autorisent les documents historiques. Quant aux conclusions ou aux interprétations, elles sont les siennes et les assume.
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O
Mon cher St-Ralph,<br /> <br /> <br /> <br /> La première fois que j’ai lu un livre signé de la main de Claude Ribbe, c’était « Le crime de Napoléon » (Privé). Inutile de dire combien les napoléophiles avaient hurlé au scandale. Malgré la polémique, Ribbe avait tenu bon et moi, j’avais apprécié cet essai que j’avais trouvé de très grande qualité.<br /> <br /> J’avais beaucoup appris sur la vie du général Alexandre Dumas et encore une fois, j’avais pu constater combien la France officielle avait fait preuve de racisme envers ce brillant officier.<br /> <br /> La présentation que tu nous fais de ces deux ouvrages donne une seule envie : les acheter et les lire. Je suis sûr que le talent de Ribbe sera encore une fois au rendez-vous.<br /> <br /> <br /> <br /> @+, O.G.
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