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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
23 février 2021

Des migrations au métissage suivi de L'image de la femme à travers 25 auteurs d'Afrique (Liss Kihindou)

                          Des migrations au métissage

                                                         et 

L'image de la femme à travers 25 auteurs d'Afrique

                                             (Liss Kihindou)

Numérisation_20210223 (2)

         Des migrations au métissage et L’image de la femme à travers 25 auteurs d’Afrique sont deux conférences données par l’écrivaine Liss Kihindou en 2016 et en 2018 ; la première à Cozes, en Charente-Maritime (17), et la deuxième devant les étudiants de Sciences-Po Paris durant la semaine africaine organisée par cette institution. En clair, ces deux conférences montrent la dimension intellectuelle de l’écrivaine qui, avec patience et persévérance a indubitablement acquis, pour ainsi dire, ses lettres de noblesse en traçant les deux voies dans lesquelles elle excelle : le métissage sous toutes ses formes et la condition de la femme subsaharienne.

         Le thème de la première conférence rappelle en effet son premier essai, donc une passion de longue date : L’expression du métissage dans la littérature africaine, ouvrage publié en 2011 et dont j’ai fait une analyse la même année. Ici, elle élargit ses vues ; elle parle de l’Europe pour montrer que le métissage qui l’a construite à travers les âges en fait un excellent microcosme d’un phénomène universel, pour ne pas dire propre à la nature humaine. Quant à la condition ou à l’image de la femme subsaharienne à travers les œuvres d’écrivains d’Afrique, objet de la plus longue des deux conférences, l’on peut dire que c’est une thématique qui révèle une qualité extraordinaire de Liss Kihindou. Avec ce sujet, elle démontre sa très grande connaissance des auteurs qui ont mis la femme subsaharienne au coeur de leurs productions littéraires. Un véritable travail d’érudition. La précision des nombreux textes de référence témoignent d’une longue expérience de lectrice mais aussi d’un esprit particulièrement soucieux de la condition de la femme.

          Assurément, ces deux textes sont très intéressants. Le premier se présente comme une balade instructive sur les traces de cultures paraissant toujours en mouvement. Tous ceux qui oublient que la France, à l’image de la Grèce et de la Rome antiques, est non seulement diverse et métissée mais qu’en plus elle n’est pas uniquement européenne – parce qu’éclatée sur plusieurs continents – ont ici matière à réflexion. Le deuxième texte pourrait susciter quelques interrogations quant à la place que les littératures européennes accordent à la condition de la femme par rapport à la place que lui accordent les œuvres des auteurs d’Afrique. Les écrivains subsahariens auraient-ils, oui ou non, la plume plus critique sur le sort réservé à la femme que leurs homologues européens ? A l’heure où, en Europe, certains abus connus mais rarement dénoncés font l’objet d’attaques frontales, la question mérite d’être posée. Et pour y répondre, il faut lire le travail très analytique de Liss Kihindou en ayant à l’esprit quelques classiques de la littérature française ou européenne ainsi que les événements qui nous rappellent qu’ici comme là-bas la culture du mythe de la virilité – pour paraphraser le titre du livre d’Olivia Gazalé – n’est pas une vaine expression. 

Raphaël ADJOBI

Auteur : Liss Kihindou

Titre : Des migrations au métissage suivi de L’image de la femme à travers 25 auteurs d’Afrique, 79 pages.

Editeur : L’Harmattan, février 2021

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Commentaires
S
J'ai choisi ce livre parce que j'aime les essais. Et j'ai bien fait parce que j'ai le sentiment de te connaître davantage. Ce n'est pas ton talent d'écrivaine que tu montres là ; c'est ta personne entière, la femme pétrie par ses passions intellectuelles. <br /> <br /> J'ai lu la première conférence avec beaucoup de plaisir parce que je voyais là les pas de la prof de lettres classiques. Mon grand regret est de ne pas avoir consacré suffisamment de temps à la culture gréco-romaine. J'ai donc beaucoup appris en te lisant. Avec la deuxième conférence, tu m'as ébloui ! Tu passes d'un auteur à l'autre en établissant entre eux des liens avec une telle facilité qu'on ne peut qu'être séduit. Ce n'est plus la prof ni l'écrivaine qui s'exprime mais la femme passionnée de plaisirs intellectuelles. Et c'est beau !
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L
Je ne m'attendais pas à un billet sur ce livre, cher Raphaël ! En plus, tu fais le lien avec les œuvres antérieures et soulignes à quel point il se situe dans la continuité des réflexions entamées précédemment... En outre tes articles sont toujours servis dans une mise en page qui à elle seule constitue comme une loupe permettant au lecteur de saisir d'emblée l'essentiel... MERCI !
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