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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
28 décembre 2019

La Négresse de Biarritz ou Biarritz la Dégueulasse

                                     LA NEGRESSE

 Biarritz rend hommage à une prostituée noire

   pour service sexuel rendu aux soldats de Napoléon

La Négresse 2

            Alors qu'aucune ville de France n'honore le général Alexandre Dumas, le plus glorieux soldat français de la fin du XVIIIe siècle* - cela pour respecter une mesure prise par Napoléon en 1802 - le maire et le Conseil municipal de Biarritz, adeptes de l'empereur, ont décidé d'honorer une prostituée noire pour service sexuel rendu aux soldats de leur idole.

            Comment, en ce XXIe siècle, en pleine République, un maire et tous les membres du conseil municipal peuvent-ils s'accorder pour reconnaître en une prostituée une gloire nationale au point d'indiquer par la couleur de sa peau tout un quartier de la ville de Biarritz ? Oui, le quartier Harausta de cette ville du pays basque a été débaptisé en 1986 pour honorer, dit-on, une femme noire pour service sexuel rendu aux soldats de Napoléon. Ce quartier s'appelle désormais La Négresse.

                                     Biarritz la dégueulasse !

            Le quartier Harausta était au départ le nom d'une auberge. «L'auberge Harausta, dit  Monsieur le maire, était tenue par une femme très brune, sans doute d'origine mauresque, que les soldats de Napoléon 1er, de passage lors des combats de 1813, avaient surnommée La négresse». Selon Monsieur Michel Veunac, maire de Biarritz, «cette appellation est historique». Bien sûr Monsieur le maire, nègre, négresse, bamboula, font partie de l'histoire de la langue française et traduisent bien l'esprit de sa population à une époque donnée. Mais nous pensons sincèrement qu'accepter que toutes les appellations racistes ou discriminatoires de l'histoire soient dignes d'être honorées par sa  ville, c'est assurément faire preuve de beaucoup de bassesse dans ses jugements. D'autre part, le nom Harausta était aussi une appellation historique. Pourquoi l'avoir changée ? 

            Rappelons que le racisme de l'époque de Napoléon voudrait qu'une Noire ne soit pas appelée par son nom propre mais par la couleur de sa peau. C'est-à-dire qu'un Noir ou une Noire n'était pas une personne mais une chose, un objet, un meuble !  C'est donc cette chosification de la personne humaine que perpétue la mairie de Biarritz par le nom La Négresse ; sinon, elle aurait choisi le vrai nom de cette tenancière de bordel. De même, alors que 12% seulement des artères ou des équipements publics de la capitale célèbrent la mémoire d'une femme illustre, la discrimination ordinaire de notre passé fait que leur sexe est souvent escamoté ! Ainsi, on ne sait pas si la rue Rochechouart, à Paris, rend hommage à un homme ou à une femme. Il en est de même de l'impasse de La Tour-d'Auvergne et de la rue Vigée-Le-Brun. Oui, à une certaine époque, il fallait chosifier les Noirs en ne les appelant jamais par leur nom propre, et il fallait aussi cacher les femmes blanches célèbres sous le nom de famille de leur mari, de leur père ou de leur frère en omettant leur prénom forcément fémin.   

            Le Conseil de Paris vient de songer à la réparation de cette discrimination à l'égard des femmes en votant le changement progressif des plaques cet hiver 2019-2020 (Télérama du 4/12/2019). Enfin, le public saura clairement que ce sont des femmes, des êtres humains différents des hommes qui sont honorés. Enfin, ces femmes auront une identité claire, reconnaissable par tous. Et nous pensons que le conseil municipal de Biarritz devrait s'inspirer du bon sens de Paris plutôt que de s'enferrer dans le racisme en invoquant l'histoire pour continuer à appeler un être humain La Négresse. Rappelons à Monsieur Michel Veunac que «chaque génération a le droit de défaire le monde et le refaire selon ses rêves», que chaque génération a le droit de refuser de porter les sabots des aïeux et de dormir dans leurs draps laissés en héritage. Seule une volonté délibérée de perpétuer une image négative d'une frange de la population française peut justifier la passion d'une cité pour la performance sexuelle des hommes sur le corps d'une négresse. Dans ce cas, Biarritz mérite d'être appelée "Biarritz la dégueulasse" !    

Raphaël ADJOBI

 * Si vous trouvez une rue de France portant la mention "Général Alexandre Dumas", laissez-moi un message avec les précisions qui s'y rapportent. 

Biarritz la dégueulasse

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Commentaires
S
Merci Olivier de nous faire découvrir l'exception qui confirme la règle. Il aura donc fallu deux siècles, pour revoir un général noir dans l'armée française. Il est donc claire que la mesure napoléonienne a bien été respectée ! Le journal parle de "premier général noir" ! C'est effectivement le premier depuis l'après Napoléon !
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O
https://www.lejdd.fr/Politique/general-jean-marc-vigilant-commandant-de-lecole-de-guerre-jetais-presque-toujours-le-seul-noir-3980543
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O
https://www.lejdd.fr/Politique/general-jean-marc-vigilant-commandant-de-lecole-de-guerre-jetais-presque-toujours-le-seul-noir-3980543
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S
Toutes mes excuses, chère Sibille, pour le retard mis à répondre à votre question. Je vous avais presque oubliée. En 1802, en rétablissant l'esclavage aboli en 1794, Napoléon avait décidé de bannir tous les Noirs de la haute sphère de l'armée française. Il ne voulait plus de généraux en France. Depuis cette époque, vous pouvez chercher les généraux noirs dans notre armée, vous n'en trouverez pas. Si toutefois vous en trouvez un, je serai très heureux de savoir qui il est.
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S
Très intéressant, merci, cela me permet de mieux comprendre. Et d'apprendre aussi, je ne savais pas pour les "femmes blanches" et le nom des rues. Quelle est la mesure prise par Napoléon en 1802 que vous citez par rapport à Alexandre Dumas ?
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